Lectures non-vampiriques du moment

Ca fait presque longtemps que je ne vous ai pas parlé de mes lectures...

En voici une, entamée il y a deux jours :
Jonathan Strange et Mr Norrell de Susanna Clarke.

Vous en avez forcément entendu parler. L'éditeur original est... Bloomsbury. Mais si, vous savez, celui qui a gagné des milliards avec Harry Potter...


Présentation de l'éditeur
Il y a des siècles de cela, du temps où la magie existait encore en Angleterre, le plus grand magicien de tous était le roi Corbeau. Enfant d’homme élevé par des fées, le roi Corbeau mêla sagesse féerique et humaine raison pour fonder la magie anglaise. En 1806, année où commence le roman, il n’est plus guère qu’une légende. L’Angleterre est gouvernée par un roi fou, Lord Byron bouleverse les mœurs autant qu’il révolutionne la poésie, les guerres napoléoniennes ravagent le pays… et plus personne ne croit à la pratique de la magie. Or voici que Mr Norrell, le reclus de l’abbaye de Hurtfew, lance un défi aux magiciens théoriciens qui pullulent dans le pays : il prouvera qu’il est le seul véritable magicien du pays. Dans une scène éblouissante, il prête parole et mouvement aux statues de la cathédrale d’York. La nouvelle du retour de la magie en Angleterre se répand jusque dans les frivoles salons londoniens. Pédant, prétentieux, Mr Norrell devient pourtant la coqueluche de la noblesse londonienne. Mais lui veut davantage : aider le gouvernement dans sa guerre contre Napoléon. Il bloque les Français en rade de Brest grâce à une immense flotte anglaise composée de navires nés de la pluie, et dote les côtes britanniques de charmes protecteurs.
Aider le royaume d’Angleterre n’est pas l’unique obsession de Mr Norrell. Car il veut aussi, et surtout, éliminer tout rival possible. C’est compter sans la prophétie : Deux magiciens paraîtront en Angleterre. Le premier me craindra ; le second de me voir brûlera. Et bientôt il croise sur son chemin un brillant jeune magicien, Jonathan Strange. Ce dernier est charmant, riche, un brin arrogant, mais imaginatif et courageux. Mr Norrell, séduit, le prend pour élève. Ensemble, ils éblouissent le pays de leurs exploits. Mais leur association tourne vite à la rivalité

J'ai hate de voir se préciser l'ombre du roi corbeau.
Bon, malgré la comparaison possible a priori, on se rend immédiatement compte que ce n'est pas du tout du Harry Potter, ce n'en est pas du tout inspiré.

Le style est impeccable, presque trop stoïque est distancé, je sens d'ailleurs que quelques longueurs se profilent. Néanmoins, il est difficile d'en décrocher et les personnages promettent d'être intéressants, du moins j'en ai l'impression. Le côté comédie de moeurs doit y être pour quelque chose. A suivre...

D'ores et déjà, Hollywood a acheté des droits, ce sont les studios New Line qui ont remporté la bataille. Ils avaient déjà produit Le Seigneur des Anneaux. C'est éventuellement une bonne nouvelle, puisque l'adaptation en était bien mieux réussie que pour Harry Potter (Ahh !! le dernier volet en date de Harry au ciné ! bouuuhh !!) et c'est... Christopher Hampton qui se charge de l'adaptation, ce qui n'est pas une mauvaise nouvelle non plus (Les Liaisons dangereuses, l'adaptation avec Malko, Glenn Close et Michelle Pfeiffer, c'est lui).

J'ai connu ce roman part un site animalier, enfin animaux speciaux et je viens à peine de le commencer.

Le thème: la survivance de l'Homme préhistorique de nos jours

senhal a écrit:

Ca fait presque longtemps que je ne vous ai pas parlé de mes lectures...

Même remarque, voici donc quelques unes de mes dernières lectures.

Novecento. Un monologo di Alessandre Baricco



Abandonné à la naissance sur le piano d’un paquebot, Novecento est devenu un musicien de génie, sans être jamais descendu à terre. Un jour, embarque sur le Virginian un célèbre pianiste de jazz. Entre les deux hommes va se dérouler un incroyable duel musical …
Court roman et parabole sur la création, Novecento envoûte par la poésie et la beauté de son écriture.

J'ai trouvé ce roman très plaisant et divertissant. Cette histoire était initialement conçue pour être joué sur scène sous la forme d'un monologue, cependant l’auteur a décidé d’en écrire une deuxième version qui a aboutie à ce livre. Il en résulte que le style d’écriture est très proche de celui d’une pièce de théâtre ce qui n’est pas pour me déplaire. Donc une belle petite histoire à conseiller à tous les amateurs de jazz et de musique en général.


L’Ensorcelée de Barbey d’Aurevilly



Les lendemains de la Chouannerie. Dans une atmosphère de campagne barbare où interviennent des pâtres jeteurs de sorts et des vielles femmes hantées par le souvenir de leurs débauches, Jeanne Le Hardouey, une aristocrate claudélienne mésalliée d’âme et de corps à un acquéreur de biens nationaux, est « ensorcelée » par un prêtre, l’abbé de La Croix-Jugan qui a tenté de se suicider par désespoir de la cause perdue et dont le visage monstrueux porte la trace des tortures que lui ont fait subir les Bleus. « J’ai tâché, disait Barbey, de faire du Shakespeare dans un fossé du Cotentin. »

J’ai beaucoup apprécié ce livre, que ce soit l’histoire en elle-même ou le style de l’auteur.
Les deux personnages principaux, Jeanne Le Hardouey (ou selon son nom de jeune fille : Jeanne De Feuardent [j’aime beaucoup ce nom et il convient, évidemment, très bien au personnage]) et l’abbé de La Croix-Jugan, sont fascinants.
Surtout l’abbé de La Croix-Jugan par son coté énigmatique, mystérieux, ténébreux.
Quand aux diatribes contre la démocratie et la modernité elles ne gâchent pas le récit et font même sourire.
Bref je termine ce commentaire par une citation de Baudelaire : « Je viens de relire ce livre qui m’a paru encore plus chef-d’œuvre que la première fois »


Kafka sur le rivage de Haruki Murakami



Kafka Tamura, quinze ans, s’enfuit de sa maison de Tokyo pour échapper à la terrible prophétie que son père à prononcé contre lui. De l’autre côté de l’archipel, Nakata, un vieil homme amnésique décide lui aussi de prendre la route. Leurs deux destinées s’entremêlent pour devenir le miroir l’une de l’autre tandis que, sur leur chemin, la réalité bruisse d’un murmure enchanteur. Les forêts peuplent de soldats échappés de la dernière guerre, les poissons tombent du ciel et les prostituées se mettent à lire Hegel. Conte initiatique du XXIème siècle, Kafka sur le rivage nous plonge dans une odyssée moderne et onirique au cœur du Japon contemporain.

Cruel déception que ce livre, des critiques telle que celle qui suit m’avait vraiment mis l’eau à la bouche

La magie de Murakami nous entraîne sur un drôle de rivage. On y croise des chats qui parlent, des pierres magiques, des pluies de poissons... Ne vous laissez pas déstabiliser, c’est un très grand livre initiatique, subtil, complexe mais aussi lumineux et merveilleux. Un vrai chef d’oeuvre.

et je m’attendais effectivement à un vrai chef d’œuvre. Et, comme pour moi roman initiatique rime avec réflexions philosophiques (et elles auraient pu être nombreuses vu que ce livre dépasse les 600 pages), je fus doublement déçu.
Car, hélas, même si ce libre est très bon, il ne constitue pas, pour moi, un chef d’œuvre et les réflexions philosophiques restent très superficielles.
De plus, je ne trouve pas que la présence d’éléments oniriques et absurdes fasse l’originalité du récit.
Mais la déception était à l’échelle de mes espérances et, avec le recul, ce roman constitue tout de même un ouvrage intéressant notamment en raison de la personnalité des protagonistes. A lire peut-être une seconde fois pour avoir une vision plus objective …

Au fait, il n’y a que deux soldats qui vivent dans la forêt et seule une prostituée lit Hegel mais il s’agit en fait d’une étudiante en philosophie qui n’a pas assez d’argent pour payer ses études (mise en avant d'une cruelle réalité )

J'ai commencé le cycle de La Malerune, de Pierre Grimbert. Des livres vraiment amusants que je conseils a tous ceux qui aiment la Fantasy.

tome1: "Une bien étrange paire se présente aux portes du château Garamont : un sorcier autoritaire et susceptible accompagné d'un homme-loup aussi effrayant que noble de cœur. Pour la jeune Ariale, retenue prisonnière dans sa propre chambre par un tyrannique monstre connu, il ne peut s'agir que du chevalier Eras, parti trois ans plus tôt dans une quête mystérieuse. Va-t-elle enfin échapper à sa prison et apprendre ce qu'il est advenu de son père ?
Pour échapper aux machinations des Maûnes, les héros vont devoir unir leurs forces. Ainsi va se créer une compagnie d'aventuriers des plus inattendues. Zétide le puissant sorcier, Hogo le noble et monstrueux Lycante, la belle et farouche Lucia devront unir leurs forces à celles d'Ariale pour partir à la recherche du chevalier Eras et percer le secret de sa quête."

Hercule poirot, les cinq petits cochons d'Agatha Christie.

Amyas crale un peintre de renommé est tué. On accuse sa femme et elle va en prison. Leur fille devenue Adulte va voir le detective Hercule Poirot pour lui demander de trouver le vrai meurtrier de son père, car elle est persuadé que sa mere n'est pas l'assassin. Il finit par retrouver les 5 temoins de l'affaires, tous coupables potentiels....

senhal a écrit:

En fait, tous les philosophes formulent leurs théories à partir d'un constat fondamental : la vie (ou la mort, c'est pareil) est absurde.

... hum... et moi des philosophes je crois que je vais choisir les Sceptiques.

sinon, un livre formidable - disons plutôt une bande dessinée. Fun House. Une tragicomédie familiale d'Alison Bechdel.



Roman graphique (terme américain, ça vaut ce que ça vaut d'où ça vient et ainsi de suite) dans lequel l'auteure revient sur les liens qui l’unissaient à son père, décédé dans un accident de la route qu’elle soupçonne être un suicide. Portrait d'un père tout en ellipses et en sous-entendus, et avec lui d’une société américaine embourbée dans son puritanisme, aussi hypocrite qu’intolérante. Rajouter à ça un modèle familial judéo-chrétien, une homosexualité compliquée et une relation père-fille que seul un amour commun pour la littérature épanouit.
Il y a beaucoup d'humour dans ce livre - à commencer par le titre qui désigne une maison funéraire-, une superbe gestion de la narration et de fréquentes citations judicieuses, dont celle d'Ulysse de Rudolph Bloom :

Citation :

Sur le point de prendre parler, M.Bloom referma la bouche. Les yeux grand ouverts de Martin Cunningham. Maintenant il regarde ailleurs. Humain et sympathique. Intelligent. Comme le visage de Shakespeare. Toujours une bonne parole prête. Il ne pardonne pas ça ici, ni l'infanticide. Refusent la scépulture chrétienne. LA coutume est de transpercer le coeur d'un épieu de bois dans la tombe. Comme s'il n'était pas déjà assez brisé.

Oui, les suicidés furent longtemps de bons vampires, mais chez toi Alison de vampire on ne peut l'accuser. Finalement.

Je viens de finir Montres Invisibles de Chuck Palahniuk (c'est l'auteur du célèbre roman adapté en film : Fight Club)... Et j'adore toujours autant son style.

C'est un auteur de fiction, et il ne faut pas s'attendre à une construction de l'histoire très linéaire du genre : D'abord, puis, enfin. Tout est complètement décousu, il s'amuse à nous faire douter ne serait-ce que sur le sexe des personnages, il garde le suspense jusqu'à la fin et évoque en plus de sa plume rythmée et stylée, des pensées souvent profondes quant à la valeur des existences humaines. Il n'y a pas de créatures imaginaires dans ce livre... Les monstres, ce sont les humains.

Pour les amateurs d'humour noir, de trash, qui se souviennent et qui ont apprécié le style de Fight Club, je vous le recommande ! On ne s'ennuit pas !

Quelques lectures qui accompagnent les tristes nues et le temps maussade:

Contes Fantastiques d'E.T.A Hoffmann



Maître du fantastique, Hoffmann écrivit au cours d'une existence difficile et chaotique, de nombreux contes d'une puissante originalité où il distille, toujours avec un zeste d'humour, l'horreur et l'épouvante, dans un univers quotisien d'apparence banale...

Bienvenue dans le cauchemar !

Plus la peine de présenter ce maître incontesté du fantastique romantique, à l'imagination abyssale, sombre, sans fonds et sans limite.

Dans la même vague fantastique allemande

L'étrange histoire de Peter Schlemihl d'Adelbert von Chamisso



Un faust naïf? L'histoire d'un homme qui fait un pacte avec un étrange personnage à l'allure chafouine, en lui vandant son ombre en échange de la richesse infinie.

Il y'a a ce sujet une courte mais trés amusante préface où l'auteur aborde la notion d'ombre, et arrive à lui donner une définition assez saugrenue!

Citation :

Plus la peine de présenter ce maître incontesté du fantastique

Tu dis ça mais je suis persuadée qu'il n'y a pas tant de monde qui l'a lu ici (et ailleurs), et c'est bien dommage !

"L'Homme au sables" est une nouvelle absolument complètement géniale ;)

senhal a écrit:

Citation :

Plus la peine de présenter ce maître incontesté du fantastique

Tu dis ça mais je suis persuadée qu'il n'y a pas tant de monde qui l'a lu ici (et ailleurs), et c'est bien dommage !

"L'Homme au sables" est une nouvelle absolument complètement géniale ;)

Der Sandmann est le premier des quatre contes de ce recueil, les trois autres étant:

Spieler-Glück (Le Bonheur au jeu ou La banque de Pharaon - autre traduction -)
Der Arturshof ( La cour d'Artus)
Maître Martin ou Le tonnelier de Nuremberg

à découvrir donc! et c'en est de même pour le conte de Chamisso: le gentilhomme (ou plutôt un homme gentil!) possédé, l'énergumène (où son possesseur) sordide à l'apparence de croque-mitaine et un pacte aussi vieux que le monde!

La façon de conter qu'emploie Chamisso peut paraître naïve (c'est un romantique), mais cette apparente naïveté accentue l'étrangeté et vous mettrrait presque mal à l'aise, les descriptions du corbeau chétif (J'use toutes mes périphrases là! Mais ça le mérite) rien que pour les citer sont dérangentes jusqu'à la répulsion.

Pour être franc, Rimbaud ne m'accroche pas.

Nonobstant quelques clins d'oeil morbide, je reste sur ma faim.

Une saison en enfer. Disons bien, mais sans plus.

Je vais tout de même approfondir, peut-être qu'il est fondu dans ses détails.

Enfin.

L'oracle della Luna : Le tragique et lumineux destin de Giovanni Tratore de Frédéric Lenoir




Présentation de l'éditeur

Qui est Luna, la belle sorcière aux cheveux de feu ? Quelle malédiction frappe le blessé retrouvé dans sa cabane des Abruzzes. Qui sont les hommes masqués de noir acharnés à sa perte ? Quelles paroles terribles dissimule ce mystérieux parchemin qui ne doit surtout pas arriver jusqu'aux mains du pape? Au cour d'un XVIe siècle hanté par les querelles religieuses et philosophiques, le nouveau thriller historique de Frédéric Lenoir nous entraîne des palais aux prisons de Venise, du Mont Athos au bagne des corsaires d'Alger, de Jérusalem au ghetto de Chypre. Un grand roman d'amour et d'aventures où passion, mort, mystique chrétienne et soufie, astrologie et kabbale rythment la quête initiatique de Giovanni, le jeune paysan qui avait osé lever les yeux sur la fille des Doges.

Alors franchement ce livre m'a offert un merveilleux voyage dans l'histoire pour mon plus grand bonheur, j'ai appris un nombre incalculable de choses sur certaines coutumes de la renaissance, j'ai ris, j'ai même pleurer ( oui ça m'arrive quand je bouquine ) Ce livre m'a également fait connaître plusieurs pays voir plusieurs régions. L'auteur se pose beaucoups de questions à travers son personnage, que ce soit au niveau politique, spirituel ou scientifique. Enfin voilà un livre que je ne suis pas prête d'oublier de si tôt !

Stavroguine Oulianov a écrit:

Pour être franc, Rimbaud ne m'accroche pas.

Nonobstant quelques clins d'oeil morbide, je reste sur ma faim.

Une saison en enfer. Disons bien, mais sans plus.

Je vais tout de même approfondir, peut-être qu'il est fondu dans ses détails.

Enfin.

Je crois que Rimb', on le sent ou on le sent pas. Dans le premier cas c'est forcément la Claque, sinon, faut pas chercher... ;)

Et Senhal elle aime Rimbaud?

J'ai débuté "L'homme approximatif" de Tristan Tzara.
Déjà, j'ai l'impression de ne plus lire le dadaïste mais bien le poète Tzara.

Sans doute le dernier livre que je vais lire avant la vague de lectures scolaires qui s'annonce. Quoi qu'il en soit, je vais coller un extrait ici.


captive est la raison d’une fable de discorde
tel le coléoptère qui porte en soi son fugitif bouleversement
cloîtrée dans l’éloge de son remède occulte
soumise aux rites géants des vaines passions
et l’antre où l’injure égorge le daim du haut serment
où logent les cratères des enfers où déambulent les médisances des
chauves-souris
les pilotes de la querelle écartent l’enchanteresse expression de la règle du
juste
s’écoule sous le poids des bûches flambantes et des chagrins esclaves des
furies
et à travers la délirante distance d’eau-de-vie et de débris d’orgueil
l’exemple de vengeance mesure la raçon adroite

Et pour un autre extrait, c'est là: http://www.chez.com/barkokhba/tzara.htm

Une personne de goût (du moins je crois :-P) m'a prêté récemment "La nuit de Walpurgis" de Gustav Meyrink. J'ai commencé ça ce soir et au vu des deux premiers chapitres, c'est plus que prometteur.

J'avais déjà apprecié le style de Meyrink dans "Le golem", là à mes yeux les qualités de narration de l'auteur sont confirmées.

Ta (ton) prêteuse(teur) a en effet très bon goût.
En fait, tu aurais pu placer ce livre dans les lectures vampiriques sans problème, la jeune fille du roman en est une figure à n'en pas douter...

En effet, ces guides sont vraiment géniaux, bonne trouvaille :-)

Merci de nous parler désormais de vos lectures dans les nouveaux topics qui correspondent à leur catégorie ! (imaginaire, essai etc.) !