Grand Méchant Loup, vicieux et dévoreur d'enfants, le loup fait l'unanimité, dans nos contes il est à craindre...
Comment le percevez-vous? Pourquoi un Grand Méchant Loup? Vous a-t-on raconté ces contes étant enfant? Comment l'avez vous vécu? Et maintenant? Qu'ont inspiré les contes dans les autres arts?
Connaissez-vous d'autres contes avec de Grands Méchants Loups...ou de Grands Gentils Loups?
Le petit chaperon rouge de Charles PerraultIl était une fois une petite fille de village, la plus jolie qu'on eût su voir : sa mère en était folle, et sa mère-grand plus folle encore. Cette bonne femme lui fit faire un petit chaperon rouge qui lui seyait si bien, que partout on l'appelait le Petit Chaperon rouge.
Un jour, sa mère, ayant cuit et fait des galettes, lui dit :
" Va voir comment se porte ta mère-grand, car on m'a dit qu'elle était malade. Porte-lui une galette et ce petit pot de beurre."
Le Petit Chaperon rouge partit aussitôt pour aller chez sa mère-grand, qui demeurait dans un autre village. En passant dans un bois, elle rencontra compère le Loup, qui eut bien envie de la manger ; mais il n'osa, à cause de quelques bûcherons qui étaient dans la forêt. Il lui demanda où elle allait. La pauvre enfant, qui ne savait pas qu'il était dangereux de s'arrêter à écouter un loup, lui dit :
" Je vais voir ma mère-grand, et lui porter une galette, avec un petit pot de beurre, que ma mère lui envoie.
- Demeure-t-elle bien loin ? lui dit le Loup
- Oh oui, dit le Petit Chaperon rouge ; c'est par-delà le moulin que vous voyez tout là-bas, à la première maison du village.
- Eh bien ! dit le Loup, je veux l'aller voir aussi, je my en vais par ce chemin-ci, et toi par ce chemin-là, et nous verrons à qui plus tôt y sera."
Le loup se mit à courir de toute sa force par le chemin qui était le plus court, et la petite fille s'en alla par le chemin le plus long, s'amusant à cueillir des noisettes, à courir après les papillons, et à faire des bouquets des petites fleurs qu'elle rencontrait.
Le loup ne fut pas longtemps à arriver à la maison de la mère-grand ; il heurte : toc, toc.
" Qui est là ?
- C'est votre fille, le Petit Chaperon rouge, dit le Loup en contrefaisant sa voix, qui vous apporte une galette et un petit pot de beurre, que ma mère vous envoie."
La bonne mère-grand, qui était dans son lit, à cause qu'elle se trouvait un peu mal, lui cria :
" Tire la chevillette, la bobinette cherra."
Le Loup tira la chevillette, et la porte s'ouvrit. Il se jeta sur la bonne femme, et la dévora en moins de rien, car il y avait plus de trois jours qu'il n'avait pas manger. Ensuite il ferma la porte, et s'alla coucher dans le lit de la mère-grand, en attendant le Petit Chaperon rouge, qui quelques temps après, vint heurter à la porte : toc, toc.
" Qui est là ?"
Le Petit Chaperon rouge, qui entendit la grosse voix du Loup, eut peur d'abord, mais, croyant que sa mère-grand était enrhumée, répondit :
" C'est votre fille, le Petit Chaperon rouge, qui vous apporte une galette et un petit pot de beurre, que ma mère vous envoie."
Le Loup lui cria en adoucissant un peu sa voix :
" Tire la chevillette, la bobinette cherra."
Le Petit Chaperon rouge tira la chevillette, et la porte s'ouvrit. Le Loup, la voyant entrer, lui dit en se cachant dans le lit, sous la couverture :
" Mets la galette et le petit pot de beurre sur la huche, et viens te coucher avec moi."
Le Petit Chaperon rouge se déshabille, et va se mettre dans le lit, où elle fut bien étonné de voir comment sa mère-grand était faite en son déshabillé. Elle lui dit :
" Ma mère-grand, que vous avez de grands bras !
- C'est pour mieux t'embrasser, ma fille !
- Ma mère-grand, que vous avez de grandes jambes !
- C'est pour mieux courir, mon enfant !
- Ma mère-grand, que vous avez de grandes oreilles !
- C'est pour mieux écouter, mon enfant !
- Ma mère-grand, que vous avez de grands yeux !
- C'est pour mieux te voir, mon enfant !
- Ma mère-grand, que vous avez de grandes dents !
- C'est pour te manger !"
Et, en disant ces mots, le méchant Loup se jeta sur le Petit Chaperon rouge, et le mangea.
MORALITEOn voit ici que de jeunes enfants,
Surtout de jeunes filles,
Belles, bien faites et gentilles
Font très mal d'écouter toutes sortes de gens,
Et que ce n'est pas chose étrange,
S'il en est tant que le loup mange.
Je dis le loup, car tous les loups
Ne sont pas de la même sorte :
Il en est d'une humeur accorte,
Sans bruit, sans fiel et sans courroux,
Qui, privés, complaisants et doux,
Suivent les jeunes demoiselles
Jusque dans les maisons, jusque dans les ruelles.
Mais, hélas ! qui ne sait que ces loups doucereux,
De tous les loups sont les plus dangereux !
Pierre et le Loup de ProkofievUn beau matin Pierre ouvrit la porte du jardin et s’en alla dans les prés verts. Sur la plus haute branche d’un grand arbre, était perché un petit oiseau, ami de Pierre. " Tout est calme ici. " gazouillait-il gaiement.
Un canard arriva bientôt en se dandinant, tout heureux que Pierre n’ait pas fermé la porte du jardin. Il en profita pour aller faire un plongeon dans la mare, au milieu du pré.
Apercevant le canard, le petit oiseau vint se poser sur l’herbe tout près de lui.
" Mais quel genre d’oiseau es-tu donc, qui ne sait voler ?" dit-il en haussant les épaules.
A quoi le canard répondit :
"Quel genre d’oiseau es-tu qui ne sait pas nager ?"
Et il plongea dans la mare. Ils discutèrent longtemps, le canard nageant dans la mare, le petit oiseau voltigeant au bord.
Soudain quelque chose dans l’herbe attira l’attention de Pierre, c’était le chat qui approchait en rampant. Le chat se disait :
" L’oiseau est occupé à discuter. Je vais en faire mon déjeuner. "
Et comme un voleur, il avançait sur ses pattes de velours.
" Attention ", cria Pierre, et l’oiseau aussitôt s’envola sur l’arbre. Tandis que du milieu de la mare le canard lançait au chat des
" coin-coin " indignés. Le chat rôdait autour de l’arbre en se disant :
" Est-ce la peine de grimper si haut ? Quand j’arriverai, l’oiseau se sera envolé. "
Tout à coup Grand-père apparut. Il était mécontent de voir que Pierre était allé dans le pré.
" L’endroit est dangereux. Si un loup sortait de la forêt, que ferais-tu ? "
Pierre ne fit aucun cas des paroles de son grand-père et déclara que les grands garçons n’avaient pas peur des loups. Mais
Grand-père prit Pierre par la main, l’emmena à la maison et ferma à clé la porte du jardin.
Il était temps.
A peine Pierre était-il parti, qu’un gros loup gris sortit de la forêt. En un éclair, le chat grimpa dans l’arbre. Le canard se
précipita hors de la mare en caquetant. Mais malgré tout ses efforts, le loup courait plus vite. Le voilà qui approcha de plus en plus
près, plus près, il le rattrapa, s’en saisit et l’avala d’un seul coup.
Et maintenant voici où en était les choses : le chat était assis sur une branche, l’oiseau sur une autre, à bonne distance du chat, bien sûr, tandis que le loup faisait le tour de l’arbre et les regardait tous deux avec des yeux gourmands.
Pendant ce temps, derrière la porte du jardin, Pierre observait ce qui se passait, sans la moindre frayeur. Une des branches de l’arbre,
autour duquel tournait le loup, s’étendait jusqu’au mur. Pierre s’empara de la branche, puis monta dans l’arbre.
Alors Pierre dit à l’oiseau :
" Va voltiger autour de la gueule du loup mais prends garde qu’il ne t’attrape. "
De ses ailes, l’oiseau touchait presque la tête du loup qui sautait furieusement après lui pour l’attraper. Oh que l’oiseau agaçait le loup ! Et que le loup avait envie de l’attraper !
Mais que l’oiseau était bien trop adroit et le loup en fut pour ses frais.
Pendant ce temps, Pierre fit à la corde un noeud coulant, et les descendit tout doucement. Il attrapa le loup par la queue et tira de toutes ses forces. Le loup, se sentant pris, se mit à faire des bonds sauvages pour essayer de se libérer. Mais Pierre attacha l’autre bout de la corde à l’arbre, et les bonds que faisaient le loup ne firent que resserrer le noeud coulant.
C’est alors que les chasseurs sortirent de la forêt. Ils suivaient les traces du loup et tiraient des coups de fusil. Pierre leur cria du haut de l’arbre : " Ne tirez pas. Petit oiseau et moi, nous avons déjà attrapé le loup. Aidez-nous à l’emmener au jardin zoologique. "
Et maintenant, imaginez la marche la marche triomphale : Pierre est en tête ; derrière lui, les chasseurs traînaient le loup, et, fermant la marche le Grand-père et le chat. Le grand-père, mécontent, hochait la tête en disant : " Ouais ! Et si Pierre n’avait pas attrapé le loup, que serait-il arrivé ? "
Au-dessus d’eux, l’oiseau voltigeaient en gazouillant :
" Comme nous sommes braves, Pierre et moi. Regardez ce que nous avons attrapé. "
Pierre et le Loup est un conte musical pour enfants écrit par Prokofiev en 1936.
Pierre : les cordes
l'Oiseau : la flûte
le Canard : le hautbois
le Chat : la clarinette
le Loup : les cors
le Grand-Père : le basson
les chasseurs : les timbales