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| [auteur] Baudelaire (oeuvres vampiriques) | |
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senhal Vampire Littéraire
Nombre de messages : 2992 Age : 42 Localisation : Villeurbanne Famille : Date d'inscription : 25/04/2005
| Sujet: [auteur] Baudelaire (oeuvres vampiriques) Dim 18 Sep 2005, 14:05 | |
| Le vampire est une figure dont Beaudelaire a beaucoup usé dans les Fleurs, voici donc les poèmes où elle apparaît (merci Malaïka pour "Les Métamorphoses" et "La Fontaine" lol).
Concernant les autres oeuvres du poète, j'avoue que je n'y ai pas prêté attention. En tout cas je ne crois pas en avoir croisé dans Le Spleen de Paris...
Vous êtes evidement invités à donner votre avis, vos idées, vos autres repérages.. bah vi c'est fait pour ^^
(Edition de 1857)
X L'ENNEMI
Ma jeunesse ne fut qu'un ténébreux orage, Traversé çà et là par de brillants soleils ; Le tonnerre et la pluie ont fait un tel ravage Qu'il reste en mon jardin bien peu de fruits vermeils. Voilà que j'ai touché l'automne des idées, Et qu'il faut employer la pelle et les râteaux Pour rassembler à neuf les terres inondées, Où l'eau creuse des trous grands comme des tombeaux. Et qui sait si les fleurs nouvelles que je rêve Trouveront dans ce sol lavé comme une grève Le mystique aliment qui ferait leur vigueur ? —O douleur ! ô douleur ! Le Temps mange la vie, Et l'obscur Ennemi qui nous ronge le cœur Du sang que nous perdons croît et se fortifie !
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XXIX LE VAMPIRE
Toi qui, comme un coup de couteau, Dans mon cœur plaintif es entrée, Toi qui, comme un hideux troupeau De démons, vins, folle et parée, De mon esprit humilié Faire ton lit et ton domaine, — Infâme à qui je suis lié Comme le forçat à la chaîne, Comme au jeu le joueur têtu, Comme à la bouteille l'ivrogne, Comme aux vermines la charogne, — Maudite, maudite sois-tu ! J'ai prié le glaive rapide De conquérir ma liberté, Et j'ai dit au poison perfide De secourir ma lâcheté. Hélas ! le poison et le glaive M'ont pris en dédain et m'ont dit : « Tu n'es pas digne qu'on t'enlève A ton esclavage maudit, Imbécile ! — de son empire Si nos efforts te délivraient, Tes baisers ressusciteraient Le cadavre de ton vampire ! »
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LII L'HEAUTONTIMOROUMENOS
Je te frapperai sans colère Et sans haine, — comme un boucher ! Comme Moïse le rocher, — Et je ferai de ta paupière, Pour abreuver mon Saharah, Jaillir les eaux de la souffrance ; Mon désir gonflé d'espérance Sur tes pleurs salés nagera Comme un vaisseau qui prend le large, Et dans mon cœur qu'ils soûleront Tes chers sanglots retentiront Comme un tambour qui bat la charge ! Ne suis-je pas un faux accord Dans la divine symphonie, Grâce à la vorace Ironie Qui me secoue et qui me mord ? Elle est dans ma voix, la criarde ! C'est tout mon sang, ce poison noir ! Je suis le sinistre miroir Où la mégère se regarde. Je suis la plaie et le couteau ! Je suis le soufflet et la joue ! Je suis les membres et la roue, Et la victime et le bourreau ! Je suis de mon cœur le vampire, — Un de ces grands abandonnés Au rire éternel condamnés, Et qui ne peuvent plus sourire !
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LXXXIV LA FONTAINE DE SANG
Il me semble parfois que mon sang coule à flots, Ainsi qu'une fontaine aux rhythmiques sanglots. Je l'entends bien qui coule avec un long murmure, Mais je me tâte en vain pour trouver la blessure. A travers la cité, comme dans un champ clos, Il s'en va, transformant les pavés en îlots, Désaltérant la soif de chaque créature, Et partout colorant en rouge la nature. J'ai demandé souvent à des vins captieux D'endormir pour un jour la terreur qui me mine ; Le vin rend l'œil plus clair et l'oreille plus fine ! J'ai cherché dans l'amour un sommeil oublieux, Mais l'amour n'est pour moi qu'un matelas d'aiguilles Fait pour donner à boire à ces cruelles filles !
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LXXXVII LES MÉTAMORPHOSES DU VAMPIRE
La femme cependant de sa bouche de fraise, En se tordant ainsi qu'un serpent sur la braise, Et pétrissant ses seins sur le fer de son busc, Laissait couler ces mots tout imprégnés de musc : — « Moi, j'ai la lèvre humide, et je sais la science De perdre au fond d'un lit l'antique conscience. Je sèche tous les pleurs sur mes seins triomphants Et fais rire les vieux du rire des enfants. Je remplace, pour qui me voit nue et sans voiles, La lune, le soleil, le ciel et les étoiles ! Je suis, mon cher savant, si docte aux voluptés, Lorsque j'étouffe un homme en mes bras veloutés, Ou lorsque j'abandonne aux morsures mon buste, Timide et libertine, et fragile et robuste, Que sur ces matelas qui se pâment d'émoi Les Anges impuissants se damneraient pour moi ! » Quand elle eut de mes os sucé toute la moelle, Et que languissamment je me tournai vers elle Pour lui rendre un baiser d'amour, je ne vis plus Qu'une outre aux flancs gluants, toute pleine de pus ! Je fermai les deux yeux dans ma froide épouvante, Et, quand je les rouvris à la clarté vivante, A mes côtés, au lieu du mannequin puissant Qui semblait avoir fait provision de sang, Tremblaient confusément des débris de squelette, Qui d'eux-mêmes rendaient le cri d'une girouette Ou d'une enseigne, au bout d'une tringle de fer, Que balance le vent pendant les nuits d'hiver.
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(edition de 1861)
LXXXV. L'Horloge
Horloge ! Dieu sinistre, effrayant, impassible, Dont le doigt nous menace et nous dit : " Souviens-toi ! Les vibrantes douleurs dans ton cœur plein d'effroi Se planteront bientôt comme dans une cible ; Le Plaisir vaporeux fuira vers l'horizon Ainsi qu'une sylphide au fond de la coulisse ; Chaque instant te dévore un morceau du délice À chaque homme accordé pour toute sa saison. Trois mille six cents fois par heure, la Seconde Chuchote : Souviens-toi ! - Rapide, avec sa voix D'insecte, maintenant dit : je suis Autrefois, Et j'ai pompé ta vie avec ma trompe immonde ! Remember ! Souviens-toi ! Prodigue ! Esto memor ! (Mon gosier de métal parle toutes les langues.) Les minutes, mortel folâtre, sont des gangues Qu'il ne faut pas lâcher sans en extraire l'or ! Souviens-toi que le Temps est un joueur avide Qui gagne sans tricher, à tout coup ! C'est la loi. Le jour décroît ; la nuit augmente ; Souviens-toi ! Le gouffre a toujours soif ; la clepsydre se vide. Tantôt sonnera l'heure où le divin Hasard, Où l'auguste Vertu, ton épouse encor vierge, Où le Repentir même (oh ! La dernière auberge !), Où tout te dira : Meurs, vieux lâche ! Il est trop tard ! "
Dernière édition par le Ven 02 Nov 2007, 16:45, édité 1 fois | |
| | | sally Citoyen vampire
Nombre de messages : 442 Age : 41 Localisation : au milieu de mes livres ! Famille : Date d'inscription : 13/06/2006
| Sujet: Re: [auteur] Baudelaire (oeuvres vampiriques) Jeu 22 Juin 2006, 19:37 | |
| l'Horlogue mon poème préféré entre tous et surtout beaucoup de souvenir. Il fut le support de toute une discussion littéraire par des mathématiciens lorsque j'était en terminale. Les plus belles année de ma vie... sniff et personne d'autre que toi Senhal pour le remarquer ? !!! beaudelaire est le précurseur des jeux de mots à tiroir, dieu seul sais ce qu'il voulais vraiement exprimer et c'est ce qui le rend si magique... cependant tu as raison je n'ai pas trouvé non plus de ref dans le spleen mais peut être une relecture s'impose t-elle. | |
| | | hakim Vampire assoiffé
Nombre de messages : 294 Date d'inscription : 13/06/2006
| Sujet: Re: [auteur] Baudelaire (oeuvres vampiriques) Ven 03 Nov 2006, 21:11 | |
| perso j'ai toujopurs eu une petite predilection pour "le vampire"
mais dans mon souvenir senhal c'etait
Toi qui, comme un coup de couteau, Dans mon coeur plaintif es entrée; Toi qui, forte comme un troupeau De démons, vins, folle et parée, De mon esprit humilié Faire ton lit et ton domaine; — Infâme à qui je suis lié Comme le forçat à la chaîne, Comme au jeu le joueur têtu, Comme à la bouteille l'ivrogne, Comme aux vermines la charogne — Maudite, maudite sois-tu! J'ai prié le glaive rapide De conquérir ma liberté, Et j'ai dit au poison perfide De secourir ma lâcheté. Hélas! le poison et le glaive M'ont pris en dédain et m'ont dit: "Tu n'es pas digne qu'on t'enlève A ton esclavage maudit, Imbécile! — de son empire Si nos efforts te délivraient, Tes baisers ressusciteraient Le cadavre de ton vampire!"
et non pas
Toi qui, comme un coup de couteau, Dans mon cœur plaintif es entrée, Toi qui, comme un hideux troupeau De démons, vins, folle et parée,
De mon esprit humilié Faire ton lit et ton domaine, — Infâme à qui je suis lié Comme le forçat à la chaîne,
Comme au jeu le joueur têtu, Comme à la bouteille l'ivrogne, Comme aux vermines la charogne, — Maudite, maudite sois-tu !
J'ai prié le glaive rapide De conquérir ma liberté, Et j'ai dit au poison perfide De secourir ma lâcheté.
Hélas ! le poison et le glaive M'ont pris en dédain et m'ont dit : « Tu n'es pas digne qu'on t'enlève A ton esclavage maudit,
Imbécile ! — de son empire Si nos efforts te délivraient, Tes baisers ressusciteraient Le cadavre de ton vampire ! » | |
| | | tengu Vampire assoiffé
Nombre de messages : 218 Age : 41 Localisation : A l'est d'Eden Date d'inscription : 29/11/2006
| Sujet: Re: [auteur] Baudelaire (oeuvres vampiriques) Ven 15 Déc 2006, 00:50 | |
| J'aime beaucoup ces poèmes que je viens de découvrir (oui je ne lis pas beucoup de poème alors que j'aime bien) J'aime bien Beaudelaire, dans les fleurs du mal les poèmes que je préfères dans ceux que je connaîs sont "l'albatros" et surtout "l'invitation au voyage" qui me fais réver. Il donne un sentiment de sérénité très agréable. | |
| | | Stavroguine Oulianov Primogene Malkavien
Nombre de messages : 1778 Age : 35 Localisation : Cité de verre Famille : Date d'inscription : 02/04/2006
| Sujet: Re: [auteur] Baudelaire (oeuvres vampiriques) Ven 15 Déc 2006, 03:42 | |
| Any Where out of this world !
http://poetes.com/baud/bany.htm | |
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| Sujet: Re: [auteur] Baudelaire (oeuvres vampiriques) | |
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| | | | [auteur] Baudelaire (oeuvres vampiriques) | |
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