| | Baudelaire [oeuvres diverses] | |
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+14Selrak Comtesse Victoria Melween de Senrac Errtu Viviane Sophi@ Aleera Vorgon de la Rosa Diaphane crazyangel Guilty boy Lysisca Athanaël senhal 18 participants | |
Auteur | Message |
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sephi_cr Invité
| Sujet: Re: Baudelaire [oeuvres diverses] Jeu 03 Nov 2005, 18:29 | |
| - Citation :
De Profundis Clamavi
J'implore ta pitié, Toi, l'unique que j'aime, Du fond du gouffre obscur où mon coeur est tombé. C'est un univers morne à l'horizon plombé, Où nagent dans la nuit l'horreur et le blasphème ;
Un soleil sans chaleur plane au-dessus six mois, Et les six autres mois la nuit couvre la terre ; C'est un pays plus nu que la terre polaire ; - Ni bêtes, ni ruisseaux, ni verdure, ni bois !
Or il n'est pas d'horreur au monde qui surpasse La froide cruauté de ce soleil de glace Et cette immense nuit semblable au vieux Chaos ;
Je jalouse le sort des plus vils animaux Qui peuvent se plonger dans un sommeil stupide. Tant l'écheveau du temps lentement se dévide !
Un petit coup de coeur pour ce poème (qui est le XXX ieme de la Partie Spleen et Idéal des Fleurs du Mal si ma mémoire est bonne) que nous avons adapté musicalement avec mon groupe. Petit coup de coeur aussi pour le crépuscule du matin (Des Tableaux Parisiens je crois...) - Citation :
LE CREPUSCULE DU MATIN
La diane chantait dans les cours des casernes, Et le vent du matin soufflait sur les lanternes.
C'était l'heure où l'essaim des rêves malfaisants Tord sur leurs oreillers les bruns adolescents ; Où, comme un œil sanglant qui palpite et qui bouge, La lampe sur le jour fut une tache rouge ; Où l'âme, sous le poids du corps revêche et lourd, Imite les combats de la lampe et du jour. Comme un visage en pleurs que les brises essuient, L'air est plein du frisson des choses qui s'enfuient, Et l'homme est las d'écrire et la femme d'aimer.
Les maisons çà et là commençaient à fumer. Les femmes de plaisir, la paupière livide, Bouche ouverte, dormaient de leur sommeil stupide; Les pauvresses, traînant leurs seins maigres et froids, Soufflaient sur leurs tisons et soufflaient sus leurs doigts. C'était l'heure où parmi le froid et la lésine S'aggravent les douleurs des femmes en gésine ; Comme un sanglot coupé par un sang écumeux Le chant du coq au loin déchirait l'air brumeux ; Une mer de brouillards baignait les édifices, Et les agonisants dans le fond des hospices Poussaient leur dernier râle en hoquets inégaux. Les débauchés rentraient, brisés par leurs travaux.
L'aurore grelottante en robe rose et verte S'avançait lentement sur la Seine déserte, Et le sombre Paris, en se frottant les yeux, Empoignait ses outils, vieillard laborieux. |
| | | Comtesse Victoria Apatride
Nombre de messages : 34 Date d'inscription : 08/12/2005
| Sujet: Re: Baudelaire [oeuvres diverses] Mar 13 Déc 2005, 12:38 | |
| Elle puait comme une fleur moisie Moi, je lui dis (mais avec courtoisie): "Vous devriez prendre un bain régulier Pour dissiper ce parfum de bélier."
j'aime énormément ce passage! | |
| | | Selrak Loup-garou chroniqueur
Nombre de messages : 1776 Age : 43 Localisation : Le Mans Famille : Date d'inscription : 30/04/2005
| Sujet: Re: Baudelaire [oeuvres diverses] Mar 27 Déc 2005, 13:19 | |
| Je n'ai pas vraiment lu Baudelaire, mais j'apprécie assez un extrait des Fleurs du Mal qui se trouve sur un de mes classeurs, en-dessous d'une belle photo de forêt :
La Nature est un Temple où de Vivants Piliers, Laissent parfois sortir de Confuses Paroles, L'Homme y passe à travers des Forêts de Symboles, Qui l'observent avec des Regards Familiers. | |
| | | Luinil Invité
| Sujet: Re: Baudelaire [oeuvres diverses] Mer 28 Déc 2005, 11:25 | |
| Beaudelaire écrivait des choses magnifiques. Parfois, on a du mal à déchiffrer ce qu'il entend par ses métaphores. On les comprend chacun différemment, mais cela pourrait être merveilleux si on pouvait savoir ce qu'il avait exactement en tête au moment précis où il l'avait écrit. Délire de tox ou autre chose...Humm |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Baudelaire [oeuvres diverses] Mer 28 Déc 2005, 12:39 | |
| je vois pas ce q'uil y aurait de merveilleux à cela. et puis chez les poètes y'a deux options: soit ce qu'ils écrivent est exactement ce qu'ils ont dans la tête soit c'est pas du tout ça. Voilà alors libre à qui que ce soit de trancher sur le choix de baudelaire |
| | | senhal Vampire Littéraire
Nombre de messages : 2992 Age : 42 Localisation : Villeurbanne Famille : Date d'inscription : 25/04/2005
| Sujet: Re: Baudelaire [oeuvres diverses] Mer 28 Déc 2005, 12:54 | |
| - Luinil a écrit:
- Beaudelaire écrivait des choses magnifiques. Parfois, on a du mal à déchiffrer ce qu'il entend par ses métaphores. On les comprend chacun différemment, mais cela pourrait être merveilleux si on pouvait savoir ce qu'il avait exactement en tête au moment précis où il l'avait écrit. Délire de tox ou autre chose...Humm
Même si certaines images resteront surement obscures à jamais, il y a tout de même un grand nombre de choses qui sont limpides, l'analyse de textes ne relève pas des sciences occultes mais de connaissances et techniques précises qu'il faut confirmer par des arguments clairs et Baudelaire n'a pas écrit au hasard : la moindre de ses syllabes est écrite dans un but précis vers lequel tend tout le poème. | |
| | | senhal Vampire Littéraire
Nombre de messages : 2992 Age : 42 Localisation : Villeurbanne Famille : Date d'inscription : 25/04/2005
| Sujet: Re: Baudelaire [oeuvres diverses] Mer 11 Jan 2006, 14:10 | |
| Hein qu'elle est belle mon édition des Paradis artificiels ? | |
| | | Stavroguine Oulianov Primogene Malkavien
Nombre de messages : 1778 Age : 35 Localisation : Cité de verre Famille : Date d'inscription : 02/04/2006
| Sujet: Re: Baudelaire [oeuvres diverses] Dim 09 Avr 2006, 18:12 | |
| Il ne faudrait pas oublier les Spleen de Paris, ils sont tout aussi excellent. http://www.poetes.com/baud/indexa.htm#TITRES Anywhere Out Of The World... - Citation :
Une Charogne
Rappelez-vous l'objet que nous vîmes, mon âme, Ce beau matin d'été si doux: Au détour d'un sentier une charogne infâme Sur un lit semé de cailloux,
Les jambes en l'air, comme une femme lubrique, Brûlante et suant les poisons, Ouvrait d'une façon nonchalante et cynique Son ventre plein d'exhalaisons.
Le soleil rayonnait sur cette pourriture, Comme afin de la cuire à point, Et de rendre au centuple à la grande Nature Tout ce qu'ensemble elle avait joint;
Et le ciel regardait la carcasse superbe Comme une fleur s'épanouir. La puanteur était si forte, que sur l'herbe Vous crûtes vous évanouir.
Les mouches bourdonnaient sur ce ventre putride, D'où sortaient de noirs bataillons De larves, qui coulaient comme un épais liquide Le long de ces vivants haillons.
Tout cela descendait, montait comme une vague, Ou s'élançait en pétillant; On eût dit que le corps, enflé d'un souffle vague, Vivait en se multipliant.
Et ce monde rendait une étrange musique, Comme l'eau courante et le vent, Ou le grain qu'un vanneur d'un mouvement rhythmique Agite et tourne dans son van.
Les formes s'affaçaient et n'étaient plus qu'un rêve, Une ébauche lente à venir, Sur la toile oubliée, et que l'artiste achève Seulement par le souvenir.
Derrière les rochers une chienne inquiète Nous regardait d'un oeil fâché, Épiant le moment de reprendre au squelette Le morceau qu'elle avait lâché.
- Et pourtant vous serez semblable à cette ordure, A cette horrible infection, Étoile de mes yeux, soleil de ma nature, Vous, mon ange et ma passion!
Oui! telle vous serez, ô la reine des grâces, Après les derniers sacrements, Quand vous irez, sous l'herbe et les floraisons grasses, Moisir parmi les ossements.
Alors, ô ma beauté! dites à la vermine Qui vous mangera de baisers, Que j'ai gardé la forme et l'essence divine De mes amours décomposés! ¬C.Baudelaire | |
| | | hakim Vampire assoiffé
Nombre de messages : 294 Date d'inscription : 13/06/2006
| Sujet: Re: Baudelaire [oeuvres diverses] Sam 04 Nov 2006, 07:01 | |
| celui ci est pas mal aussi
Une martyre DESSIN D'UN MAITRE INCONNU
Au milieu des flacons, des étoffes lamées Et des meubles voluptueux, Des marbres, des tableaux, des robes parfumées Qui traînent à plis somptueux,
Dans une chambre tiède où, comme en une serre, L'air est dangereux et fatal, Où des bouquets mourants dans leurs cercueils de verre Exhalent leur soupir final,
Un cadavre sans tête épanche, comme un fleuve, Sur l'oreiller désaltéré Un sang rouge et vivant, dont la toile s'abreuve Avec l'avidité d'un pré.
Semblable aux visions pâles qu'enfante l'ombre Et qui nous enchaînent les yeux, La tête, avec l'amas de sa crinière sombre Et de ses bijoux précieux,
Sur la table de nuit, comme une renoncule, Repose ; et, vide de pensers, Un regard vague et blanc comme le crépuscule S'échappe des yeux révulsés.
Sur le lit, le tronc nu sans scrupules étale Dans le plus complet abandon La secrète splendeur et la beauté fatale Dont la nature lui fit don ;
Un bas rosâtre, orné de coins d'or, à la jambe, Comme un souvenir est resté ; La jarretière, ainsi qu'un oeil secret qui flambe, Darde un regard diamanté.
Le singulier aspect de cette solitude Et d'un grand portrait langoureux, Aux yeux provocateurs comme son attitude, Révèle un amour ténébreux,
Une coupable joie et des fêtes étranges Pleines de baisers infernaux, Dont se réjouissait l'essaim des mauvais anges Nageant dans les plis des rideaux ;
Et cependant, à voir la maigreur élégante De l'épaule au contour heurté, La hanche un peu pointue et la taille fringante Ainsi qu'un reptile irrité,
Elle est bien jeune encor ! - Son âme exaspérée Et ses sens par l'ennui mordus S'étaient-ils entr'ouverts à la meute altérée Des désirs errants et perdus ?
L'homme vindicatif que tu n'as pu, vivante, Malgré tant d'amour, assouvir, Combla-t-il sur ta chair inerte et complaisante L'immensité de son désir ?
Réponds, cadavre impur ! et par tes tresses roides Te soulevant d'un bras fiévreux, Dis-moi, tête effrayante, a-t-il sur tes dents froides Collé les suprêmes adieux ?
- Loin du monde railleur, loin de la foule impure, Loin des magistrats curieux, Dors en paix, dors en paix, étrange créature, Dans ton tombeau mystérieux ;
Ton époux court le monde, et ta forme immortelle Veille près de lui quand il dort ; Autant que toi sans doute il te sera fidèle, Et constant jusques à la mort. | |
| | | erzebeth Vampire assoiffé
Nombre de messages : 224 Age : 48 Localisation : Au plus profond des ténèbres Famille : Date d'inscription : 27/09/2006
| Sujet: Baudelaire[oeuvres diverses] Sam 25 Nov 2006, 08:43 | |
| Les promesses d'un visage
J'aime, ô pâle beauté, tes sourcils surbaissés, D'où semblent couler des ténèbres; Tes yeux, quoique très noirs, m'inspire des pensers Qui ne sont pas du tout funèbres,
Tes yeux, qui sont d'accord avec tes noirs cheveux, Avec ta criniére élastique, Tes yeux, languissamment, me disent : "Si tu veux, Amant de la muse plastique,
Suivre l'espoir qu'en toi nous avons excité, Et tous les goûts que tu professes, Tu pourras constater notre véracité Depuis le nombril jusqu'aux fesses;
Tu trouveras au bout de deux beaux seins bien lours, Deux larges médailles de bronze, Et sous un ventre uni, doux comme du velours, Bistré comme la peau d'un bronze,
Une riche toison qui, vraiment, est la soeur De cette énorme chevelure, Souple et frisée, et qui t'égale en épaisseur, Nuit sans étoiles, nuit obscure !" | |
| | | seth Citoyen vampire
Nombre de messages : 492 Age : 33 Localisation : Au Royaume des Francs Date d'inscription : 03/12/2005
| Sujet: Re: Baudelaire [oeuvres diverses] Sam 25 Nov 2006, 18:45 | |
| Je crois que mon poème de Baudelaire préféré est Une Charogne, c'est incroyable la façon dont laquelle il arrive à faire d'une chose sordide et glauque un poème d'une grande beauté. | |
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