La tératologie (du grec teras, monstre et logos, science) est l'étude scientifique des malformations congénitales. En général, on l’appelle plutôt « l'étude des monstres ». Le terme de « monstre » est ici à prendre comme « être vivant présentant une importante malformation physique». Il vient d'ailleurs du latin monstrum qui signifie «prodige ayant une valeur de présage», du fait de l'interprétation qui en était faite.
Ébauche de membre surnuméraire sur un poulain
On rencontre également des malformation faciales apparentées au bec de lièvre
Actuellement, le domaine chevauche d'autres disciplines de la médecine, comme l'embryologie (le développement des embryons).
Dans l'Antiquité, Ovide (poète latin) rédige un traité sur les "monstres". Cet ouvrage servira de référence pour les siècles suivants mais il n'aborde le sujet que d'une façon mythologique.
Au Moyen Âge, les malformations sont supposées être l'œuvre de Satan ou d'une force maléfique étroitement liée à la sorcellerie. Les êtres difformes nourrissent l'imaginaire collectif entre les bêtes terrifiantes des diverses mythologies. Les "monstres" désignent à l'époque les malformations humaines ou animales, mais gardent cette connotation mythologique. Les malformations ne font pas encore l'objet d'études médicales.
Un autre cas rencontré est l'hydrocéphale :le crâne de l'animal est augmenté de volume
Ce n'est qu'avec l'apparition de l'anatomie grâce à André Vésale et la compréhension
croissante des mécanismes de la reproduction et de la formation de l'embryon que l'on commence à pouvoir scientifiquement expliquer les malformations. Le terme de "monstre" évolue : Ambroise Paré rédige le traité "Des monstres et prodiges" qui aborde l'analyse d'une manière plus scientifique à travers des cas concrets : siamois, doigts surnuméraires, animaux à deux têtes ou plusieurs pattes, etc.
Au début du XVIIe siècle, l'anatomie devient de plus en plus présente dans les études, la théologie cède sa place pour laisser apparaître des analyses plus détaillées et rationnelles.
Mandibule inférieure sous l'oreille d'un agneau bien vivant
La tératologie avance alors à grand pas et écrase les mythes en apportant des preuves issues des dissections. Les travaux de Fabrice d'Acquapendente et William Harvey formeront des bases solides sur l'étude de l'embryon. Harvey découvre que les jumeaux rattachés l'un à l'autre sont issus de la présence de deux œufs qui se soudent. Les "hétéradelphes" issus de la jonction d'une partie d'un embryon sur un autre, sont décrits par Étienne Wolff. La Chronique de Lycosthenes présente plusieurs configurations de malformations gémellaires.
Agneaux siamois extraits par césarienne et morts-nés. Ces agneaux siamois étaient accolés par le crâne , le cou et le sternum.
Le siècle des Lumières confirmera cette tendance avec l'apparition d'autres sciences et les progrès apportés par les pathologistes. Le zoologiste Français Étienne Geoffroy Saint-Hilaire et l'anatomiste Allemand Johann Friedrich Meckel von Helmsbach (1781-1833) passent pour être les fondateurs de la tératologie. Il faudra toutefois attendre le milieu du XXe siècle pour comprendre que le fœtus peut être perturbé par des substances provenant de l'extérieur. Jusqu'alors, l'utérus apparaissait comme une barrière infranchissable. Ces substances, dites tératogènes (le terme signifie littéralement « création de monstres »), provoquent des malformations congénitales.
La recherche en race charolaise de veaux culards a engendré un DEMI-CULARD !!
Le terme de « tératogenèse » a aussi un sens plus restreint, désignant le développement « anormal » de masses cellulaires durant la croissance foetale, causant des déformations au fœtus.
Des produits tels que le napalm, le diéthylstilbestrol, ou la thalidomide sont dits tératogènes. Certains virus aussi peuvent être tératogènes, de même que l'usage de l'alcool ou de tabac par les femmes enceintes. Et bien évidemment c‘est également le cas des composés radioactifs (y compris les simples radiographies des examens médicaux standard)