Chasseurs de vampires et de Lycans : héros ou criminels ?

Blade, Buffy, Anita Blake et autres Van Helsing agissent bien souvent aux frontières de la légalité : profanation de tombes, violation de domiciles privés, actes de violence prémédités, vol d’objets sacrées… De lourdes accusations peuvent être imputées à certains chasseurs particulièrement actifs dans une société dont les règles immuables doivent être respectées par tous ses citoyens sans exception.

Les chasseurs de vampires et de garous doivent-ils êtres considérés comme des héros, des « défenseurs des opprimés » enfreignant les lois par nécessité ou bien au contraire comme des individus se considérant impunément au dessus de ces mêmes lois et prêt à tout pour parvenir à leurs fins ? La protection de la communauté contre d’indicibles menaces peut-elle tout excuser ?

j'ai mis la troisième options , car adorant les vampires, pour moi, bien évidement ce sont des criminels...mais si je me faisait attaquer par un vampire, je serait bien contente que ces prédateurs de prédateurs soient là^^

Troisième option également car tout dépend du point de vue: les vampires - ou les loups garous - sont peut-être des monstres, mais ils n'ont pas forcément choisi leur état. Prenons quelqu'un qui s'est fait mordre sans qu'on lui demande son avis: il n'a pas forcément envie de se suicider pour épargner les autres. Autres qui, entres parenthèses, ne valent pas forcément mieux que lui: s'il se limite à attaquer des dealers, des proxénètes et autres vermine des bas fonds, il n'est pas forcément à blâmer (attention, ça ne justifie pas non plus le meurtre gratuit) et pour lui, il s'agit autant de survie que pour nous.
Sans parler de vampires et loups-garous qui ne massacrent pas les humains - en buvant du sang d'autres animaux ou en vivant loin des hommes par exemple - mais qui sont peut-être traqués comme n'importe quelle créature de la nuit par un chasseur non averti - ou sans pitié pour les "monstres".

D'autre part, je ne trouve pas que l'humanité soit une espèce sacrée au point de justifier le massacre des autres espèces "nuisibles". Après tout, comme je l'ai déjà dit, il faut bien que tout le monde vive. Des prédateurs, il y en a partout - à commencer par nous mêmes. Alors des vampires et des loups-garous...Pourquoi pas. En quoi pouvons nous dire qu'ils sont vraiment pire que nous?

Ceci étant dit, je ne pense pas non plus que tous les chasseurs de vampires soient des criminels en puissance. Comme partout ailleurs, si on en croit la littérature et les films, il y a des excès. Y compris parmi les créatures de la nuit. S'ils ne parviennent pas à se contrôler et qu'ils massacrent sans distinction tout et n'importe quoi, alors oui il faut les abattre. Et dans ce cas, pourquoi pas des chasseurs qui soient eux-mêmes des vampires ou des lycans? De l'autorégulation en quelque sorte.

"Tous des héros", bien sûr.

En fait, si on parle des héros au sens classique (comme dans les tragédies grecques), la relation qu'ils entretiennent avec le bien et le mal n'est pas celle que vit monsieur tout-le-monde. L'héroïsme est une valeur par-dessus le bien et le mal, elle les transcende. Pour être un héros, il faut défendre une valeur, comme la Gloire (oui oui, 300), l'Etat ou mettons (pour en venir aux chasseurs de vampires) le Bien (dans un sens quasi chrétien), l'Humain etc. laquelle valeur sera obligatoirement à certains moments en opposition avec ce que ressent ou aux doutes que ressent le chasseur en tant qu'homme ordinaire. Mais le héros doit oublier l'homme du commun qui est en lui. Le héros est par essence immoral aux yeux du commun des mortels (donc c'est un criminel), sa Morale leur est inaccessible.

C'est peut-être en cela que le chasseur rejoint le vampire, parce qu'il ne se place pas tout à fait parmi les hommes, tout en étant pourtant homme.

Ceux qui le côtoient perçoivent souvent tout cela comme un "côté sombre", ou une rigueur.

Le chasseur se situe "Par delà le bien et le mal", hein ?

Nietzsche était un génie je vous dis. XD

senhal a écrit:

C'est peut-être en cela que le chasseur rejoint le vampire, parce qu'il ne se place pas tout à fait parmi les hommes, tout en étant pourtant homme.

Dans ce cas, peut-on également considérer (certains) vampires comme des héros? Certains n'ont pas oublié qu'ils ont été des hommes.

Guilty boy a écrit:

Nietzsche était un génie je vous dis. XD

Nietzsche était un robot aimant construire des maquettes.*

Lysisca a écrit:

Dans ce cas, peut-on également considérer (certains) vampires comme des héros? Certains n'ont pas oublié qu'ils ont été des hommes.

Si leur "double-nature" (chasseur/humain, vampire/humain) rapproche vampire et chasseur, encore faudrait-il que le vampire se fixe un objectif digne d'un héros (ex : gloire... voir post précédent) et je trouve difficilement un exemple.

*Lire : Les Pirates ! dans une aventure avec les communistes, Gideon Defoe, Le Dilettante, 2008.

Un moyen pour les chasseurs de rendre leurs activités légitimes aux yeux de la loi pourrait être la médiatisation : ne plus avoir à agir dans la clandestinité, opérer à visage découvert en respectant bien sûr le cadre de la loi, se débarrasser du sentiment d’être en retrait du reste de la population, accéder à une certaine forme de célébrité...

Sortir de l’anonymat en s’exposant aux médias pourrait indéniablement apporter aux chasseurs une reconnaissance publique, quitte à être tourné parfois en ridicule ou décrié.
Et puis, la notoriété permet souvent de toucher du bout des doigts le statut de héros, non ?

Asmodée a écrit:

Un moyen pour les chasseurs de rendre leurs activités légitimes aux yeux de la loi pourrait être la médiatisation : ne plus avoir à agir dans la clandestinité, opérer à visage découvert en respectant bien sûr le cadre de la loi,

Justement est-il légitime de tuer les vampires sous prétexte qu'ils boivent du sang (pas forcément humain en plus)? En quoi pouvons nous décréter qu'une telle créature mérite l'éradication, somme toute principalement parce qu'elle nous déplaît? Car s'ils peuvent boire du sang d'autre chose, les vampires ne sont que potentiellement dangereux (pas plus menaçant que des drogués en manque en tout cas). Faut-il les massacrer pour autant?

L'autre problème la dedans est justement la loi: il n'est dit nulle part qu'on peut tuer ses semblables - à vrai dire, c'est même plutôt strictement interdit. Or, les vampires sont des (anciens) humains. A moins de les considérer comme "autre chose", auquel cas il faudrait définir à partir de quand on est humain et à partir de quand on ne l'est plus (à ce propos, lisez l'excellent roman "les animaux dénaturés" de Vercors).

D'autre part, médiatiser ça risque de pousser tout un chacun à jouer les chasseur de vampires et de graves erreurs peuvent être commises. Il suffit de voir l'oeuvre de quelques tordus qui attaquent l'une ou l'autre personne sous prétexte que "ce sont des vampires" dans notre société où le vampire n'existe (en théorie) pas.

Asmodée a écrit:

se débarrasser du sentiment d’être en retrait du reste de la population, accéder à une certaine forme de célébrité...

Ca c'est un complexe typique du 21 ème siècle: vouloir à tout prix être célèbre. Gare aux dérives (dont la téléréalité est une des plus ridicules)

Bonne question Asmodée, je ne vois pas de chasseur qui, tel Spiderman (donc les héros type comics), serait médiatisé, et en pus aurait choisi cette médiatisation. Pourquoi ? Lysisca apporte-elle un élément de réponse ?

Ou agir incognito fait-il parti du rôle du chasseur-héros ?

Edit : dans les héros de comics médiatisés, je n'en connais pas qui tuent des gens.

Hé, hé, bien dit ! La question était provoc’ de ma part, je sais, mais c’était dans le but d'encourager à la réflexion et amener des réactions. Je ne crois pas que des personnes qui seraient poussées à traquer des créatures aussi dangereuses que des vampires ou des garous, avec tous les risques et les sacrifices que cela comportent, puissent avoir pour désir d’accéder à la notoriété et – surtout – d’encourir le risque d’une escalade de la violence en dévoilant leurs activités.

Après tout, l'un des rares exemples que l’on connaisse sur la légitimité de mise à mort sur des créatures dites occulte remonte à l’inquisition… Et comme exemple, il n’y a pas pire. Sûr que l'on est bien loin de la notion "d'héroïsme"

En y repensant, dans la plupart des romans/films/bds où des chasseurs de vampires sont mis en scène, l'existence des vampires n'est pas connue de tous (à part Anita Blake peut-être), voire passe pour une affabulation pure et simple pour le commun des mortels.

D'où sans doute cette non-médiatisation du personnage, qui peut également être à l'origine de nombreux problèmes pour le chasseur, notamment quand il se retrouve confronté à la loi des hommes.

La non-médiatisation du chasseur peut en effet apparaître comme un élément incontournable de sa condition. Ce pour deux raisons : d’abord bien évidemment pour une question d’efficacité. Je ne pratique pas la chasse (la vraie, avec des fusils et tout le reste…) mais je ne pense pas qu’alerter le gibier par sa présence soit particulièrement payant. L’anonymat, la clandestinité même, est encore le meilleur atout sur lequel puisse compter le chasseur.

Ensuite vient la question de la pudeur. Le chasseur/héros ne se glorifie pratiquement jamais de son travail ni des services qu’il rend. Il considère très souvent le vampire lui-même comme une victime et l’exécution n’a lieu que par nécessité. Nul place dans ce cas là pour une récompense sous forme de célébrité et encore moins de médiatisation.

senhal a écrit:

dans les héros de comics médiatisés, je n'en connais pas qui tuent des gens

Il y a le Punisher chez marvel mais il est considéré avant tout comme un "héros" (si on peut l’appeler comme ça) extrêmement perturbé.