Film de Mario Bava
avec : Barbara Steele, John Richardson, Andrea Checchi
d'après la nouvelle de Nicolas Gogol
Musique : Massimo De Rita
Italie - 1960
Synopsis : 17è siècle. L'Inquisition supplicie Asa la sorcière et son amant Igor pour avoir répondu de vampirisme. A chacun un masque lourd est cloué au visage, faisant taire la vie à ces alliés de Satan, et la voix par la même occasion comme l'on chercha ailleurs (avez vous lu ces études aussi?) à combler ces bouches mordantes par de la terre ou du tissu. Avant que le masque ne se pointe sur le visage d'Asa, celle-ci crie aux humains qui la jugent une parole condamnante elle-aussi : elle reviendra et se vengera sur les descendants de ceux qui osèrent la planter là. Une tempète se lève alors et quoique nos amants cuits, le feu purificateur ne brûlera pas dans cette nuit.
Deux siècles plus tard, un Professeur et son jeune assistant, alléchés par la tenue d'un colloque dans ces contrées moldaves osent un raccourci par la forêt dans l'espoir de rejoindre l'auberge (et sa vodka réputée) avant que la nuit ne se creuse de profondeurs noires et inquiétantes. Un accident de calèche les force à une halte que nos deux curieux occupent par l'exploration d'une chapelle en ruine où se trouve (oh! joie!) le tombeau de la sorcière. Sous ces voûtes gothiques, Asa sommeille dans son carcan de pierre dont l'épaisseur rivalise avec la fragilité de la lucarne de verre par laquelle le masque, silencieusement, s'admire. (Dreyer nous avait déjà proposé un cercueil à fenêtre dans
Vampyr). Nos deux érudits que les croyances populaires ne font plus frémir, brisent la vitre pour en retirer le masque, l'un deux se coupant et sans le savoir encore, d'une goutte vermeille invitera la dame au réveil.
A présent le nocturne se drape de maléfices, et les descendants d'Asa se verront retirer la quiétude du sommeil. La sorcière rappelle Igor à elle et aux lèvres du Professeur, retrouve sa vivacité colérique, exigeant que lui soit ramenée (elle ne se lève pas, elle a mal à la tête) sa descendante dont le visage (parce que le sang) est à la ressemblance exacte de son aileule. Oui mais... l'amour (encore lui !) qui n'ose encore tout à fait dire son nom aux rencontres du jeune assistant et de la jeune fille (la descendante de la sorcière) va retarder les plans d'Asa. Retard rattrapé par une faiblesse toute féminine encore à l'époque : la jeune fille s'évanouit tout le temps (Mario Bava en profita pour tourner quelques plans magnifiques de décolletés dégraphés).
Avant que la lune ne soit haute, le bûcher devra consommer la sorcière, mais la géméllité trouble le jeune assistant amoureux, retrouvé au terme de sa course dans cette crypte visitée plus tôt, face à sa belle et son double, l'une l'autre identiques confusément. Dé-masquée pour une seconde fois, la sorcière sera conduite au feu par des villageois rendus courageux par le nombre, joyeux à cette lumière chaude consumant pour toujours celle à la parole maudite.
Je n'ai trouvé à ce film qu'une faiblesse : les scènes romantiques sont accompagnées par un Clayderman revisitant Chopin, voilà où se situent les pouvoirs de l'horreur dans ce film...