La guerre des loups
Comme au bon vieux temps des siècles passés, il n’est plus un semestre ou l’on entend à nouveau parler du loup. Ce compagnon fascinant dont les rencontres furtives laissait dans les esprits du IXe siècle l’image d’un être assoiffé de sang.
Il faut dire qu’à cette époque, les colporteurs y étaient pour quelque chose, ils avaient trouvé comment en faire un commerce, leurs récits avaient de quoi inquiéter, ils entretenaient la crainte et l’insécurité (déjà à l’époque). Grâce aux indispensables médailles de saint Hubert et autres objets, vous étiez protégés des méfaits de ces créatures du diable. Ainsi les auteurs chrétiens n’eurent pas de difficultés à les nommer, comme nés de la volonté du diable alors que le chien se voyait attribué la volonté de Dieu. Pourtant la peur du loup s’expliquait dans cette période par les seules rapines commis sur les troupeaux. Pendant des siècles, les loups et les hommes ont cohabité sur un même territoire sans trop de heurts.
L’arrivée des troupeaux domestiques, l’asservissement de l’animal, le parcage, commencèrent à mettre fin à cette paix. La guerre ne tarda pas à être déclarée entre le loup et l’homme. Les renards, blaireaux, sangliers et chats sauvages ne furent pas épargnés dans cette guerre contre nature.
Cette guerre fut confiée à une institution « la Louveterie ». Charlemagne, François Ier et Napoléon III en sont les artisans. Le premier en eut l’idée, le second officialisa, le troisième le ressuscita.
Au fur et à mesure que le paysage naturel se modifiait et que l’élevage se généralisait, les rencontres avec le loup devenaient inéluctables. Bien que sporadiques, les attaques étaient devenues une réalité. Auparavant, on craignait surtout la propagation de la rage, maintenant c’était la rage du loup. Pourtant le vecteur n’était pas de son fait en particulier.
Sous le règne de Charles VI, le pays épuisé par la guerre de 100 ans et la guerre civil, s’ajouta ce terrible hiver de 1421 qui poussa le loup à entrer dans Paris. On y mourrait tellement que le loup y trouvait pitance. Les loups prirent de l’audace et, en 1423, ils étaient désormais des familiers de Paris.
Dépassé par les événements, le loup qui était une affaire de Louveterie fut étendu au bon peuple soumis. Charles VI déclara : « il nous plaît que toutes personnes puisse prendre, tuer et chasser le loup car le bon peuple ne saurait endurer plus longtemps les ravages de ces bêtes ».La destruction du loup pouvait commencer, sa destruction par tous. Les hommes rivalisèrent d’ingéniosité comme à l’accoutumé. Les pièges les plus ignobles furent inventés par les plus malfaisants. Les circonstances faisant, ils avaient l’excuse populaire d’assouvir leur cruauté au nom d’une autre cruauté, celle imaginaire du loup. Qu’on s’en souvienne, les chats subirent le même sort.
Quelques exemples de l’arsenal de l’horreur :
le collet,
l’assommoir,
le dard perforant, de dessus, de dessous, de côté,
la guillotine verticale ou latérale,
la cage à pieux,
le verre pilé,
l’hameçon à loup,
le piège à mâchoires, caché dans un appât, les mâchoires s’écartent et le suspendent la gueule déchirée et démesurément ouverte.
Le loup voyait l’homme se détruire, commencer à le détruire, détruire son habitat tout en lui offrant ses cadavres entremêlés sur ses champs de batailles.
Etrange affaire en est-il ! N’a-t-il pas été dit que ce goût de la chair humaine fut le résultat des festins de corps humains encore chauds servis par les guerres, les échafauds, les massacres, les famines et les épidémies.
L’intendance du ravitaillement des loups était en partie assurée par la bêtise destructrice d’une espèce à jamais dénaturée.
Au XVIIIe siècle, la guerre est à son apogée entre le loup et l’homme, aucune région n’est épargnée par son cortège de mort. L’expansion humaine et la régression des espaces naturels font que les rencontres sont de plus en plus fréquentes.
En Angleterre, le loup a déjà perdu la bataille, depuis le XVIe siècle. C’est au XIXe qu’il disparaîtra de Belgique et au début du XXe en France.
Ce soldat animal combattait en face-à-face et se dressait sur ses pattes. Les morsures étaient très souvent au visage. Les louvetiers reconnurent son courage et sa bravoure, sachant mourir sans se plaindre.
Il n’a jamais été le sanguinaire que l’on a toujours voulu qu’il soit, il savait chasser avec courtoisie et respect. Jamais il ne versa dans le massacre. Comme disent les Inuits : « Le loup garde le caribou en bonne santé ». En Russie, on parle de « la part du loup » dont les troupeaux de chevaux hivernent en liberté sans jamais avoir subi des assauts sanguinaires de meutes sauvages de loups. En Amérique du Nord, les troupeaux d’élans en surnombre et provoquant des dommages à la végétation furent réglés par le retour spontané des loups qui réglèrent le problème et stabilisèrent la population sans aucune extermination.
Chez nous, ils étaient cinq tribus :
l’archer au regard de feu,
le ravisseur rapide à la course,
Chriseus aux dents tranchantes,
l’ictunus le plus brutal,
l’acmon chasseurs de lièvres.
Certains ont tendance et parfois avec une fierté nauséabonde à se représenter comme des loups aux dents longues, alors qu’ils ne sont que de pleutres profiteurs sans scrupule, boursicoteurs admirateurs des stocks options salissant la planète et la mémoire de ces compagnons honnêtes. Les animaux ont ratifié cette guerre comme juste, ils sont désormais au nombre de 16 119 en voie de disparition.
Il ne faudrait pas se tromper ! Ce n’est pas au loup de se réinsérer, mais à l’homme. Le loup reviendra ! Mais croyez-vous qu’on puisse l’acheter avec un bout de réserve naturelle, comme on négocie un contrat ! Il n’est pas loin et peut parcourir des distances importantes sans avoir à prendre l’avion. Le XXIe siècle pourrait nous remettre à notre place fatale programmée... quand la bise sera venu !
Au loup inconnu mort pour Gaia.
source: http://loup.over-blog.org/
[b][i]"L'ennemi de l'homme c'est lui même"
Bleizhnoz, ardent protecteur de Gaïa