Certains se rappellerons de moi il y a quelques...mois....années...
Aaaah. La "Baston-sur-Internet" (TM). D'après mes dernières informations, le phénomène aurait débuté... avec Internet en fait. Pile-poil. Mais attention, qu'on ne se méprenne pas : je ne parlerai pas ici des gens qui ne sont vraiment pas d'accord les uns avec les autres, et qui défendent leurs positions respectives bec et ongles, hein. Ah non, ça non. Bien au contraire (si on veut), le sujet du jour concerne les gens "qui sont peut être d'accord en fait", mais qui "préfèrent ne pas trop se poser la question" (parce que "c'est quand même plus marrant comme ça"), puis s'en vont vagabonder au hasard sur les sentiers numériques, dénicher à gros traits quelques points d'achoppement approximatifs, et se ruer corps-et-corps dans une bataille que personne n'a réellement provoquée.
Lecture en diagonale de rigueur : l'intérêt ne tient pas, en l'occurrence, dans le fait de relever les défauts d'une argumentation, mais plutôt de capter au vol les quelques mots-clefs qui, sortis de leur contexte, constitueront les cibles figées les plus canardables du monde. Expurgeons un bon coup le raisonnement de tout ce qui le structure, cellons tranquillement nos oreilles, nos yeux et notre cervelle aux concepts d'emportement, de légèreté ou de "second degré" (de second quoi ?), et vogue toute la flotte de Nelson.
Un radeau de la Méduse à droite ? Pleins feux. Une goélette à gauche ? Puissance maximale. Un yacht, un chalutier, une coque de pêcheur en plein dans la ligne de mire ? Haro.
Et non, non, personne n'est visé en particulier. Vraiment (oh, quelle lâcheté, franchement, c'est quand même un peu facile de... Non, vraiment-vraiment, je veux dire. Oui mais alors quand même, tu ne peux pas... Ah si, si je peux, et vraiment-vraiment-vraiment). Ou alors Moi-Même (Copyright), si par hasard on voulait trouver à tout prix, sur le sujet, un exemple tout fait à se mettre sous la dent. Ah ben oui, je me suis laissé tenter, moi aussi, Messieurs-dames - je dois bien le reconnaître. Comme tout le monde ou presque : on va regarder les choses en face deux minutes. Ailleurs sans l'ombre d'un doute, et puis ici aussi peut-être - c'est même bien possible. En bref, tout le monde est susceptible de, alors bon, hein, comme le disait un sympathique barbu aux fréquentations douteuses (que je cite ici et maintenant, tout va bien) : " Que celui qui n'a jamais fait le même genre de bourdasse lourde son premier glaire." (la Littérature, ou ce qui en-est-sans-le-dire-vraiment, enjolive toujours les plus spontanées, voire les plus anachroniques citations du monde).
Reconnaissons-le, le free-fight ("combat gratuit", donc - NdT) constitue l'un des éléments-clefs de la nature humaine (rien que ça - comme j'y vais). Et puis pourquoi pas, après tout. Voilà qui n'est pas très glorieux, certes, mais qui repose bel et bien là, un peu avachi, sous nos yeux et depuis longtemps. Distinguons donc tout de suite ce concept autoproclamé, pour dissiper à nouveau tout malentendu, de ceux du combat-légitime (une théorie reflue vraiment du goulot ? Ah ben là d'accord), de la noble-passe -d'armes (une ligne vous a fait bondir ? vous l'avez relue, et elle vous fais toujours bondir ? Be my guest) et de l'escarmouche-taquine (un petit électroc-choc ne ferait pas de mal ? Allons-y).
Non, là, ce dont il est question, c'est de débarquement sauvage et aveugle, de pur goût du sang, d'un furtif coup d'oeil à peine jeté sur vos pacifiques adversaires, mais qui vous semble déjà légitimer parfaitement la mise en place de votre artillerie lourde. Ce dont il est question, c'est de pêche au bâton de dynamite. D'une utilisation abusive de napalm pour chasser la caille. D'un grand n'importe quoi. A la limite, dans ces conditions, même le coup d'oeil furtif et préliminaire n'est pas indispensable : votre lance-flammes pend à votre ceinture, pourquoi ne pas l'utiliser après tout ? Pour quinze victimes innocentes, vous récolterez peut-être un ridicule trophée de chasse. C'est toujours ça de gagné. Et puis, si vous faites chou blanc (ou si vous êtes tombé sur un nid de crotales qui vous a fait saigner du nez - erreur de calcul), des tas de terrains vierges restent inexplorés, des tas de victimes innocentes à votre merci... Ah ça, c'est bon, Internet.
Mais pourquoi "Haut les gants !", dans ce cas ? Simplement parce que les joutes gratuites dont je parle ici ne se pratiquent ni avec le coeur ni à mains nues, mais bien les poings engoncés dans une bonne paire de gants bien tendus. Gants de toile infligeant d'humiliants soufflets il y a quelques siècles ; gants de cuir sponsorisés par les briseurs de grève du XXème ; ou bien mitaines à clous des soirées-dongeon. Faites votre choix, selon vos préférences - et puis "Hauts les gants !", donc...
Les cagoules sont à droite de l'entrée, les battes fichées dans le ratelier. Les premières parce que pour vivre heureux tout en faisant régner la terreur, il vaut toujours mieux vivre caché - ce qui tombe plutôt bien, puisque les routes-de-l'information offrent les meilleures tenues de camouflages du monde. Les battes, ensuite, parce que ça fait bien plus mal, et parce que même dans le noir complet, on est toujours certain d'écraser un ou deux crânes au passage, en maniant ce type de hochet. Ce qui importe avant tout, c'est de cogner fort et de disparaître vite. La guérilla numérique, c'est bon, mangez-en. Ca fait du bien à l'égo-depuis-chez-soi, et puis ça peut se faire sous couvert d'anonymat-chez-les-autres ; miam.
Quelques règles à suivre, enfin, pour parfaire votre raid. Première étape, lancez votre grenade à fragmentations, repeinte à vos armoiries : "ce truc est le plus con que j'ai lu depuis longtemps ", si vous appréciez la simplicité ; "je ne vois absolument pas ce qui vous permet de dire ça, c'est lamentable.", si vous préférez jouer une carte plus racée dès le départ. Attendez.
Si personne ne répond, tapez plus fort encore - les attaques personnelles étant alors tout à fait conseillées. Adressez-vous désormais directement à la personne qui a "commis", ou à celui ou celle dont vous estimez qu'il incarne le leader d'opinion : le principal étant d'attaquer directement quelqu'un. Fendez-vous alors d'allusions claires à votre cible, de sous-entendus machistes, voire racistes si la situation s'y prête, ou de ce que vous voulez pourvu qu'aucun doute ne plane sur la personne mise en cause. Dans ces conditions, mentionner son nom ou son pseudonyme constitue évidemment un plus. Et la tutoyer tombe sous le sens.
A partir de là, si vos interlocuteurs-victimes s'obstinent à faire comme si de rien n'était, et vous ignorent - les cruels -, ne vous emballez pas trop. Votre fougue, si elle n'est pas régulièrement nourrie, s'essoufflera vite, votre égo se dégonflera au même rythme, et le jeu ne vous amusera pas plus de deux minutes. Accrochez-vous un peu si vous le souhaitez, mais n'oubliez jamais : il y a quand même des tas de terrains vierges à explorer alors, n'en faites pas un cas personnel.
Cela dit, rassurez-vous : ce type de situation ne se présente presque jamais. En général, il se trouve toujours quelqu'un pour réagir. Et là, pour vous, c'est tout bénef'. Dès lors, gardez consciencieusement en mémoire les quelques règles suivantes, sans lesquelles vous ne pourrez pas tenir la distance :
- Règle un : la haine gratuite est une course d'endurance. Ne vous laissez pas aller à quelques sprints mal venus, et économisez votre souffle.
- Règle deux : les plus proches sont les plus accessibles. Répondez systématiquement et exclusivement à la personne ou aux personnes qui viennent de vous répondre. Il vous faut en effet capter l'auditoire en permanence ; or les personnes les plus proches de vous, en terme de distance et de temporalité, sont encore les plus motivées pour en découdre.
- Règle trois : les plus faibles sont ceux qui craquent le mieux. Faites toujours usage d'un degré de virulence inversement proportionnel à la solidité argumentative de votre interlocuteur : plus il est fragile, plus vous pouvez vous acharner. Et puis, c'est quand même plus facile, il faut bien dire ce qui est.
- Règle quatre : les plus costauds détestent qu'on les méprise. Confronté à des adversaires plus solides, choisissez systématiquement de les agacer plutôt que de les affronter en face-à-face - vous risqueriez de perdre, ce qui serait quand même ballot. Pour les agacer, c'est très simple : s'ils ripostent à coup de théories à l'ossature lourde, cantonnez-vous à des réponses portant exclusivement sur des détails anodins de leur discours (un exemple anodin, de préférence, ou bien une phrase sortie de son contexte) ; s'ils savent manier la plume, accumulez les fautes de français ; s'ils la manient mal, tournez leur orthographe ou leur style en dérision ; s'ils vous posent des questions directes, ignorez-les systématiquement. S'ils restent polis, enfin, insultez-les. Ca marche à tous les coups.
- Règle cinq : face à la Raison, plaidez la Folie. Conservez en permanence une cohérence de surface (votre thèse de départ, dans le meilleur des cas), mais n'hésitez à aucun moment à multiplier les contradictions sans vergogne, dans votre discours.
- Règle six : un duel acceptable nécessite la présence d'au moins deux personnes. Si l'une de vos remarques ne suscite aucune réaction pendant plus d'une demi-journée, il est plus que probable que le champ de bataille ait été déserté, pendant ce laps de temps. Alors tapez très fort, en désespoir de cause (mais attention au point Godwin, toujours), ou bien carapatez-vous illico, sous peine d'être confronté à la posture peu enviable de Celui-qui-se-battait-tout seul (TM).
Et voilà. Si vous parvenez à vous conformer parfaitement aux enseignements de ce Petit-Manuel Sun-Tzu-pour-les-Vains, c'est bon. Vous deviendrez rapidement un Troll parfait. Félicitez-vous, puis couchez-vous. Vous n'aurez servi à rien, mais vous vous serez fait plaisir un bon coup. Par conséquent, vous dormirez tranquille - garanti sur facture.
A tout ces Modos que j'ai pu faire Ch***
Je vous remerci de m'avoir amuser.
Lettre de fin d'année, Lettre d'une nouvelle qui commencera sur les chapÔs d' Roue...
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Sujet: Héhéhéééé Déjà un an ! 
... ben je continue à boire, je verrais bien !!!!