| | La poésie vampirique | |
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Nhostyle Invité
| Sujet: La poésie vampirique Mer 04 Jan 2006, 03:12 | |
| "Lenore" de Bürger. (Traduit de l'allemand par Gérard de NERVAL.)
Lénore au point du jour se lève, L’oeil en pleur, le coeur oppressé ; Elle a vu passer dans un rêve, Pâle et mourant, son fiancé ! Wilhelm était parti naguère Pour Prague, où le roi Frédéric Soutenait une rude guerre, Si l’on en croit le bruit public.
Enfin, ce prince et la tsarine, Las de batailler sans succès, Ont calmé leur humeur chagrine Et depuis peu conclu la paix ; Et cling ! et clang ! les deux armées, Au bruit des instruments guerriers, Mais joyeuses et désarmées, Rentrent gaîment dans leurs foyers.
Ah ! partout, partout quelle joie ! Jeunes et vieux, filles, garçons, La foule court et se déploie Sur les chemins et sur les ponts. Quel moment d’espoir pour l’amante, Et pour l’épouse quel beau jour ! Seule, hélas ! Lénore tremblante Attend le baiser du retour.
Elle s’informe, crie, appelle, Parcourt en vain les rangs pressés. De son amant point de nouvelle… Et tous les soldats sont passés ! Mais sur la route solitaire, Lénore en proie au désespoir Tombe échevelée… et sa mère L’y retrouva quand vint le soir.
– Ah ! le Seigneur nous fasse grâce ! Qu’as-tu ? qu’as-tu, ma pauvre enfant ?… Elle la relève, l’embrasse, Contre son coeur la réchauffant ; Que le monde et que tout périsse, Ma mère ! Il est mort ! il est mort ! Il n’est plus au ciel de justice Mais je veux partager son sort.
– Mon Dieu ! mon Dieu ! quelle démence ! Enfant, rétracte un tel souhait ; Du ciel implore la clémence, Le bon Dieu fait bien ce qu’il fait. – Vain espoir ! ma mère ! ma mère ! Dieu n’entend rien, le ciel est loin… À quoi servira ma prière, Si Wilhelm n’en a plus besoin ?
– Qui connaît le père, d’avance Sait qu’il aidera son enfant : Va, Dieu guérira ta souffrance Avec le très-saint sacrement ! – Ma mère ! pour calmer ma peine, Nul remède n’est assez fort, Nul sacrement, j’en suis certaine, Ne peut rendre à la vie un mort !
– Ces mots à ma fille chérie Par la douleur sont arrachés… Mon Dieu, ne va pas, je t’en prie, Les lui compter pour des péchés ! Enfant, ta peine est passagère, Mais songe au bonheur éternel ; Tu perds un fiancé sur terre, Il te reste un époux au ciel.
– Qu’est-ce que le bonheur céleste Ma mère ? qu’est-ce que l’enfer ? Avec lui le bonheur céleste, Et sans lui, sans Wilhelm, l’enfer ; Que ton éclat s’évanouisse, Flambeau de la vie, éteins-toi ! Le jour me serait un supplice, Puisqu’il n’est plus d’espoir pour moi !
Ainsi, dans son coeur, dans son âme, Se ruait un chagrin mortel : Longtemps encore elle se pâme, Se tord les mains, maudit le ciel, Jusqu’à l’heure où de sombres voiles Le soleil obscurcit ses feux, À l’heure où les blanches étoiles Glissent en paix sur l’arc des cieux.
Tout à coup, trap ! trap ! trap ! Lénore Reconnaît le pas d’un coursier, Bientôt une armure sonore En grinçant monte l’escalier… Et puis, écoutez ! la sonnette, Klinglingling ! tinte doucement… Par la porte de la chambrette Ces mots pénètrent sourdement :
– Holà ! holà ! c’est moi, Lénore ! Veilles-tu, petite, ou dors-tu ? Me gardes-tu ton coeur encore, Es-tu joyeuse ou pleures-tu ? – Ah ! Wilhelm, Wilhelm, à cette heure ! Ton retard m’a fait bien du mal, Je t’attends, je veille, et je pleure… Mais d’où viens-tu sur ton cheval ?
– Je viens du fond de la Bohême, Je ne suis parti qu’à minuit, Et je veux si Lénore m’aime Qu’elle m’y suive cette nuit. – Entre ici d’abord, ma chère âme, J’entends le vent siffler dehors, Dans mes bras, sur mon sein de flamme, Viens que je réchauffe ton corps.
– Laisse le vent siffler, ma chère, Qu’importe à moi le mauvais temps, Mon cheval noir gratte la terre, Je ne puis rester plus longtemps : Allons ! chausse tes pieds agiles, Saute en croupe sur mon cheval, Nous avons à faire cent milles Pour gagner le lit nuptial.
– Quoi ! cent milles à faire encore Avant la fin de cette nuit ? Wilhelm, la cloche vibre encore Du douzième coup de minuit… – Vois la lune briller, petite, La lune éclairera nos pas ; Nous et les morts, nous allons vite, Et bientôt nous serons là-bas.
Mais où sont et comment sont faites Ta demeure et ta couche ? – Loin : Le lit est fait de deux planchettes Et de six planches…. dans un coin Étroit, silencieux, humide. – Y tiendrons-nous bien ? – Oui, tous deux ; Mais viens, que le cheval rapide Nous emporte au festin joyeux !
Lénore se chausse et prend place Sur la croupe du noir coursier, De ses mains de lis elle embrasse Le corps svelte du cavalier… Hop ! hop ! hop ! ainsi dans la plaine Toujours le galop redoublait ; Les amants respiraient à peine, Et sous eux le chemin brûlait.
Comme ils voyaient, devant, derrière, À droite, à gauche, s’envoler Steppes, forêts, champs de bruyère, Et les cailloux étinceler ! – Hourrah ! hourrah ! la lune est claire, Les morts vont vite par le frais, En as-tu peur, des morts, ma chère ? – Non !… Mais laisse les morts en paix !
– Pourquoi ce bruit, ces chants, ces plaintes, Ces prêtres ?… – C’est le chant des morts, Le convoi, les prières saintes ; Et nous portons en terre un corps. – Tout se rapproche : enfin la bière Se montre à l’éclat des flambeaux… Et les prêtres chantaient derrière Avec une voix de corbeaux.
– Votre tâche n’est pas pressée, Vous finirez demain matin ; Moi j’emmène ma fiancée, Et je vous invite au festin : Viens, chantre, que du mariage L’hymne joyeux nous soit chanté ; Prêtre, il faut au bout du voyage Nous unir pour l’éternité ! –
Ils obéissent en silence Au mystérieux cavalier : – Hourrah ! – Tout le convoi s’élance, Sur les pas ardents du coursier… Hop ! hop ! hop ! ainsi dans la plaine Toujours le galop redoublait ; Les amants respiraient à peine, Et sous eux le chemin brûlait.
Ô comme champs, forêts, herbages, Devant et derrière filaient ! Ô comme villes et villages À droite, à gauche, s’envolaient ! – Hourrah ! hourrah ! les morts vont vite, La lune brille sur leurs pas… En as-tu peur, des morts, petite ? – Ah ! Wilhelm, ne m’en parle pas !
Tiens, tiens ! aperçois-tu la roue ? Comme on y court de tous côtés ! Sur l’échafaud on danse, on joue, Vois-tu ces spectres argentés ? – Ici, compagnons, je vous prie, Suivez les pas de mon cheval ; Bientôt, bientôt je me marie, Et vous danserez à mon bal.
– Houch ! houch ! houch ! les spectres en foule À ces mots se sont rapprochés Avec le bruit du vent qui roule Dans les feuillages desséchés : Hop ! hop ! hop ! ainsi dans la plaine Toujours le galop redoublait ; Les amants respiraient à peine, Et sous eux le chemin brûlait.
– Mon cheval ! Mon noir !… Le coq chante, Mon noir ! Nous arrivons enfin, Et déjà ma poitrine ardente Hume le vent frais du matin… Au but ! au but ! Mon coeur palpite, Le lit nuptial est ici ; Au but ! au but ! Les morts vont vite, Les morts vont vite. Nous voici ! –
Une grille en fer les arrête : Le cavalier frappe trois coups Avec sa légère baguette. – Les serrures et les verrous Craquent… Les deux battants gémissent, Se retirent. – Ils sont entrés ; Des tombeaux autour d’eux surgissent Par la lune blanche éclairés.
Le cavalier près d’une tombe S’arrête en ce lieu désolé : – Pièce à pièce son manteau tombe Comme de l’amadou brûlé… Hou ! hou !… Voici sa chair encore Qui s’envole, avec ses cheveux, Et de tout ce qu’aimait Lénore Ne laisse qu’un squelette affreux.
Le cheval disparaît en cendre Avec de longs hennissements…. Du ciel en feu semblent descendre Des hurlements ! des hurlements ! Lénore entend des cris de plainte Percer la terre sous ses pas…. Et son coeur, glacé par la crainte, Flotte de la vie au trépas.
C’est le bal des morts qui commence, La lune brille… les voici ! Ils se forment en ronde immense, Puis ils dansent, chantant ceci : – Dans sa douleur la plus profonde, Malheur à qui blasphémera !… – Ce corps vient de mourir au monde… Dieu sait où l’âme s’en ira !
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Voilà un poème resplendissant de ténèbres, un vrai conte en vers... Aurez-vous de tels écrits à proposer ? Ceux des illustres du passé ou les vôtres propres ? |
| | | Nhostyle Invité
| Sujet: Re: La poésie vampirique Mer 04 Jan 2006, 03:23 | |
| Quoi qu'il en soit, en voici un de ma main.
Complainte d'un damné
Il est des cieux chargés d'histoires Des vents qui se balladent en caresses Des étoiles, muses d'archaïques mémoires, Un seul oiseau noir au chant de détresse.
Il est un temps insousciant qui passe Sans me voir; Loin de moi, si loin, La plainte des êtres qui trépassent Me hante, quand il leur lâche la main.
Les mains jointes en supplique, j'espère la fin.
Il est un tombe que personne ne fleurit Ci-gît depuis des décennies... Mon logis... Ancrée dans la terre glacée de mon pays. Sur moi tu poursuis ton oeuvre... ô Vie !
Cela fait des lustres que je foule des lieux, Cherchant le repos qu'à jamais tu m'as interdit, Et ni les bêtes, l'acier, le poison, ni même le feu, N'ont pu détruire mon corps proscrit !
Mais j'ai souffert, ô combien... damné et maudit. D'une mémoire infinie, immortel mais blessé je suis. Seul avec mes larmes. Seul à jamais. Maudit. Banni. |
| | | akasha Goule
Nombre de messages : 17 Age : 54 Localisation : Vienne (86) Date d'inscription : 25/09/2006
| Sujet: Acrostiche Mar 03 Oct 2006, 14:47 | |
| Vampire...
Vampire, une goutte de sang
Perle au bout de vos longues dents,
Mon cœur, à présent, bat à tout rompre
Et vous allez très bientôt le corrompre.
Au cours de cette nuit si spéciale
Vous aurez fait de moi un être glacial,
Je ne pourrai jamais être vieille
Car votre soif est sans pareille.
Mais vous vous languissez de prendre
À mon cou, la sève salée et tendre,
Oh ! Comme votre teint est pâle
Et votre peau est lisse, comme un pétale.
Pour me donner le don ténébreux avec soin,
Vous m’avez suivie, tout d’abord, de loin,
C’est vrai que je vous ai, en fait, tant de fois, croisé
Je me souviens sans vraiment vous avoir remarqué.
Instant de forte intensité et de frissons,
Mêlant peur et plaisir, vous mordez en disant : pardon !
La peau craque sous vos canines acérées,
Vous me tenez si fort, mais je ne compte pas m’échapper.
Rester prés de vous est désormais mon seul avenir,
Vous accompagnant dans l’éternité, traquant le moindre soupir
D’un humain qui oserait s’approcher trop prés de la tanière,
Alors il sera blême, il ouvrira de grands yeux et fera sa prière.
Enfin, tout s’apaise, ce sera bientôt un nouveau jour
Il nous faut alors s’allonger dans le cercueil de velours,
Ensemble, nous tuerons tous les tueurs, les pédophiles et dealers
Pour assurer aux enfants, peut-être enfin, un monde meilleur.
Le 10 août 2005 à 00h10 | |
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