Selon la mythologie lycan, Gaïa est la Mère Nourricière, le grand esprit de la Nature et de la Terre lui-même. Gaïa est le monde et le monde est Gaïa.
Le concept de Gaïa existe également en biologie – en biologie théorique. En 1969, James Lovelock utilise pour la première fois le terme « Gaïa », sous l’inspiration de Williams Golding, pour nommer sa théorie à propos du fonctionnement de la planète.
La théorie de Lovelock est la suivante : la biosphère - la vie à la surface de la Terre – contrôle et stabilise la composition de l’atmosphère et la température moyenne du globe à ce qui constitue, pour elle, un optimum. La vie ne se contente donc pas de modifier la Terre, elle va la transformer de manière à ce que celle-ci lui soit le mieux adaptée possible.
Gaia est cette « capacité » de la vie à interagir sur son environnement global (la composition de l’atmosphère et la température moyenne de la Terre) pour rendre celui-ci plus vivable.
Sur quoi se base cette théorie ? Si une planète ne comporte aucune forme de vie, quelle qu’elle soit, son atmosphère sera en équilibre chimique avec les minéraux de cette planète, selon les lois classiques de la physique et de la chimie (j’entend par minéraux non seulement les roches, mais aussi tout ce que peuvent rejeter les volcans, fissures et autres, étant donné que les gaz sont directement issus de ces minéraux fondus).
En revanche, s’il y a de la vie, celle-ci va inévitablement se servir de l’atmosphère comme milieu nourricier, d’une manière directe ou indirecte. Ou du moins, cet atmosphère va servir de « poubelle »(de la même façon qu’on rejette inévitablement du CO2 en respirant). Cela va modifier la composition chimique de l’atmosphère. Une planète « vivante » aura une composition atmosphérique différente de celle que l’on devrait théoriquement trouver si cette planète n’était composée que de roches.
En termes scientifiques, on dira que l’équilibre physico-chimique d’une planète « vivante » sera décalé par rapport à l’équilibre physico-chimique théorique qu’elle peut présenter avec les seuls minéraux de sa surface.
Quelles sont les preuves réelles apportées par Lovelock pour soutenir sa théorie ?
Sur Terre, l’atmosphère terrestre est capable de rester stable sur de très longues périodes – on parle ici en millions d’années - bien que les échanges gazeux entre les organismes soient considérables. Qu’est ce qui peut contrôler une telle stabilité, sinon les organismes eux-même ?
Une autre preuve, en dehors de la stabilité du climat, est celle du couplage entre les forêts tropicales (et les forêts en général) et la pluie : s’il n’y a pas d’arbres, il n’y aura pas de pluie. Et s’il n’y a pas de pluie, il n’y aura pas d’arbres non plus. Selon Lovelock, les arbres fonctionnent en faisant en sorte qu’il continue à pleuvoir. Car sans pluie, c’est pour eux la mort assurée.
Pour eux, ainsi que pour les autres arbres auxquels ils auraient pu donner naissance. Pour Lovelock une autre preuve encore qui corrobore sa théorie, ce sont les nombreux mécanismes biologiques qui réduisent le taux de CO2 dans l’atmosphère. Ceci permet de refroidir la planète de sorte que la température ambiante reste vivable. Il existe aussi une sorte de régulation globale du climat par l’émission de sulfure de diméthyle par les océans.
Selon Lovelock, l’homéostasie est donc une propriété émergente intrinsèque au système.
Qu’est ce que cela veut dire ? L’homéostasie est la capacité d’un organisme, ou d’un système, à maintenir constants et en équilibre son milieu interne. Il s’agit donc pour la Vie de stabiliser la température et la composition chimique de l’atmosphère de la planète afin que l’environnement reste vivable justement. Et cette capacité à garder l’atmosphère et la température dans un certain équilibre, quelles que soient les conditions, est une propriété inhérente aux écosystèmes eux-même. Or les écosystèmes dans leur ensemble forment la planète. Donc la planète est capable d’auto-réguler son climat afin de rester vivante.
La théorie de Lovelock n’empêche bien entendu pas l’évolution des organismes (selon la théorie des équilibres ponctués*) , ni la sélection naturelle.
Pour ceux que cette théorie intéresse, je leur conseille de lire les livres écrits par James Lovelock, entres autres Les Âges de Gaïa et La terre est un être vivant – l’hypothèse Gaïa ainsi que Gaïa : une médecine pour la planète. Géophysiologie, nouvelle science de la terre.
* Cette théorie dit que l’évolution des organismes n’est pas toujours lente, avec des mutations et des changements progressifs. Il y a parfois des changements brusques et rapides, spectaculaires pourrait-on dire, qui fait évoluer les organismes par bonds.